East African Safari Classic Finale
Waldegaard, Prince des Vikings, Roi des pilotes
Après neuf jours de course et 4500 km de pistes piégeuses, les concurrents ont enfin rejoint Mombasa. Ils y ont célébré le terme d’une aventure automobile qui fut des plus épiques.
Cette édition de l’East African Safari Classic Rally fut l’une des plus exceptionnelles, l’une des plus ardues de l’histoire de cette épreuve mythique.
En cause, des conditions de route dantesques. Quelques jours avant le départ et durant certaines étapes de ce Safari 2011 de l’épreuve, des pluies diluviennes s’étaient abattues sur certaines régions, pour le grand bonheur des autochtones.
En évoquant le Safari, c’est l’imaginaire africain qui vient à l’esprit. Ses pistes dures et rapides, un sol aride, poussiéreux, des chaleurs suffocantes. En 2011, la boue s’est ajoutée à ce tableau. Un opposant inattendu, qui n’a cessé de redistribuer les cartes. Aussi adhérente qu’une motte de beurre en plein soleil, cette gadoue a englué bien des concurrents, durant de longues minutes, de longues heures parfois. Bain de boue pour les copilotes, motricité pour les pilotes et spectacle pour le sourire des africains.
Dans ces conditions, les Waldegaard, père et fils ont imposés, pour la première fois dans l’histoire du Safari, une Porsche 911. Vétéran parmi les Viking, ce diable de Waldegaard semble ne rien avoir perdu de sa pointe de vitesse. Signalons tout de même qu’il s’en est fallut de peu pour qu’ils ne voient pas Mombasa. Un violent accrochage avec un camion planté dans un bourbier ayant passablement endommagé la 911 a contraint les mécanos du grand suédois à cannibaliser une autre 911, a réparer certaines sections de l’arceau et de la carrosserie. Si cette réparation était autorisée par le règlement, nous émettons des doutes quand à la solidité de ce rafistolage. Que du bénef pour la Légende du safari...
La victoire de Waldegaard n’aurait sans doute pas été aussi incontestable si l’un de nos plus brillants émissaires du Team Kronos Vintage, Grégoire De Mévius n’avait connu une course si mouvementée. Le double Champion du Monde des Rallyes Gr.N était entré au Kenya avec la victoire pour ambition. La malchance le frappait rapidement, réduisant la suspension de la Porsche 911 Kronos Vintage en miettes. Après réparation, De Mévius remontait à la septième position, mais une stupide erreur de pilotage le renvoyait définitivement à la 11ème place finale.
La deuxième marche du podium était occupée par la Dastun 260Z de Geoff Bell, qui confirmait l’imprévisibilité de l’épreuve en subissant deux crevaisons et un bris de jante dans les derniers kilomètres de la course. La troisième marche du podium était occupée par l’un des autres dieux du rallye, Stig Blomqvist. Après un début de course en demi-teinte suite au bris du différentiel de la Ford Escort RS1800 lors de la première journée, Blomqvist est remonté comme un boulet de canon, avec constance et discrétion pour s’adjuger la dernière marche du podium.
Le plus performant équipage du Team Kronos Vintage, nos ambassadeurs sur cette course, est composé de Jean-Pierre Mondron et Nicolas Gilsoul. Un copilote de pointe, un gentleman driver et une stratégie prudente mais constante leur permettaient d’accrocher la 8ème place du classement général. Une satisfaction personnelle pour Jean-Pierre compte tenu des conditions de courses et du niveau de la concurrence, doublée par le bonheur de voir les 4 Porsche 911 de Kronos Vintage à l’arrivée, même si la contre-performance de Grégoire De Mévius noircissait le tableau.
Waldegaard-Bell-Blomqvist, des pilotes de talent qui, tout en ayant subi leur lot de déboires, ont su passer au travers de cette étonnante édition de l’East African Safari Classic. Porsche-Datsun-Ford, autant de bolides au potentiel avéré, dont la préparation soignée leur assigne le rôle de vainqueurs potentiels.
Après 4500 km de pistes, des sections chrono de 100km, en combinaison ou en short, dans une Porsche soignée aux petits oignons par Kronos Vintage ou dans une modeste Mitsubishi, dans la boue et la poussière, sous le cagnard et sous la pluie, les participants arrivent éreintés mais victorieux d’avoir atteint l’arrivée.
Julien Libioul
V12 GT
L'émotion Automobile
Photos McKlein Photography
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