Spécialité d’outre-Rhin, les imposants douze cylindres qui animent le haut de gamme allemand vivent peut être leurs dernières heures. Magnifique pièces d’orfèvrerie, leur puissance hors-norme ainsi que leurs émissions de CO2 les condamne à moyen terme.
Les dirigeants des marques Audi, BMW et Mercedes ont à résoudre un problème épineux : maintenir ou non au catalogue les V12 ou W12 .
Car ces nobles mécaniques ne correspondent plus aux normes de roulage actuelles : leur puissance et leur couple sont utilisés à moins de 30% de leur capacité la plupart du temps et leurs émissions pèsent de plus en plus lourd dans le bilan carbone des constructeurs, malgré des chiffres de vente en baisse.
Sans parler des contraintes techniques que leur présence impose aux techniciens : le compartiment moteur doit être très largement dimensionné pour accueillir un ensemble aussi volumineux, le berceau et les trains avant doivent être copieusement renforcés, le supplément de poids dépassant les 100 kg ! Mais cela ne s’arrête pas là, car le circuit de refroidissement, la boite automatique, le pont arrière et même la contenance du réservoir nécessitent des aménagements particuliers.
Tout ceci génère des surcoûts importants, car ces modifications affectent le cahier des charges de l’ensemble de la gamme, A8, Série 7 ou Classe S, qui devra donc être capable d’accueillir sous leur capot un large panel de motorisations, d’un modeste V6 (et même 4 cylindres !) au V12 en question, en passant par divers V8.
Cette question devrait être facile à trancher, chacun des constructeurs en question ayant à sa disposition un V8 biturbo récent développant plus de 400 ch. et capable de largement dépasser les 500 voir 600 ch..
Bref, de quoi mouvoir avec brio les berlines et coupés haut de gamme. Il suffirait d’en accroitre un peu la cylindrée, afin de les distinguer du reste de la gamme et de reprogrammer les gestions électroniques ainsi que la pression des turbos. Les économies réalisées seraient considérables : standardisation du bloc moteur et des culasses, de la boite de vitesses, des périphériques, des trains roulants, etc...
Dans ce cas, pourquoi attendre ? Tout simplement parce que les constructeurs ont du mal à juger les réactions d’une clientèle haut de gamme, traditionaliste et fidèle à ses habitudes. Attachés à leur modèle fétiche, ces clients ont l’habitude de commander le même modèle, quelquefois en plusieurs exemplaires, années après années. Il est probable que nombre d’entre eux ne sauraient se satisfaire d’un simple V8 sous le capot et l’argument économique n’a évidement pas prise sur eux, tout comme l’aspect écologique.
Car une part importante des acheteurs vient de pays émergents, où l’automobile est encore considérée avec bienveillance, voire fascination ! Il n’est donc pas du tout mal vu d’être le propriétaire d’une berline de luxe en Chine, en Russie ou au Moyen Orient, bien au contraire.
De plus, les trois constructeurs sont liés par des accords de fourniture à leurs propres marques de prestige, Bentley, Rolls-Royce et Maybach respectivement, qui ne peuvent imposer un V8 à leur clientèle sans risque commercial majeur.
Ce qui explique le peut d’empressement des marques précitées à se défaire de ces mécaniques embarrassantes, bien qu’elles savent que cela n’est plus qu’une question de temps…
A suivre…
Charles Paxson
V12 GT
L'émotion automobile
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