A l’occasion d’une éclaircie, je me décide à ressortir du garage une Mercedes SLC 5.0, une petite série des années 70, avec laquelle la marque a gagné quelques rallyes, dont le Safari. Je patiente tranquillement à une intersection, les huit cylindres chauffant doucement, lorsque s’arrête à ma hauteur un monsieur à vélo. Il tapote ma vitre avec insistance, me montrant de son index l’arrière de ma voiture. Pensant qu’il s’apprête à me signaler un pneu mal gonflé ou une fuite d’huile, j’abaisse la glace.
Je me prends alors un flot ininterrompu d’injures, dont je n’arrive pas à comprendre le sens. J’y distingue juste les mots « pollution », « irresponsable » et «banquise ». Je lui demande poliment de bien vouloir m’expliquer ce qui le chagrine comme cela, je me reprends une volée d’insultes. Levant les yeux vers le rétroviseur, je remarque de grandes volutes de fumée blanche autour de la voiture. Ce citadin « évolué » a donc confondu la vapeur d’eau sortant à froid des échappements, avec un cocktail mortel de CO/CO2/NOx. Je lui explique lentement que cela est dû tout simplement à la condensation de l’eau contenue dans les gaz émis part le moteur.
Il accueille mes explications avec beaucoup de suspicion, et m'ordonne de couper mon moteur. Je répond à sa demande en remontant sans un mot la vitre de mon coupé, tout en donnant un grand coup d’accélérateur du pied droit, le feu étant enfin passé au vert. Cela a pour effet de le faire disparaitre dans un grand nuage de vapeur blanche... Il doit être toujours aux urgences médicales, étonné d’avoir survécu à une telle expérience.
Charles Paxson
V12 GT
L’émotion automobile
Vos commentaires