Trop tard ! Cette Lister-Jaguar en vente chez Bonhams a déjà trouvé acquéreur. Nous vous traçons malgré tout l’exceptionnelle histoire qui l’amenée jusqu’à nous.
Brian Lister, issu d’une lignée d’industriels métallurgistes anglais, éprouve un intérêt croissant pour les sport moteurs jusqu’à y consacrer en 1948 la société familiale, Lister. Après avoir confectionné une Morgan 4/4, il développa une Cooper-MG et peu à peu développa celle que vous avez sous les yeux la Lister-Jaguar « Knobbly », certainement la plus performante et la plus remarquable des voitures de sport développées par la marque. Lister ne survivra guère plus d’une dizaine d’années, Brian décidant de cesser ses activités sportives en même temps que son pilote, Scott Brown, perdait la vie à Spa.
Le modèle que vous avez est le fruit d’une aventure exceptionnelle car cette voiture, conçue en 1958 n’a véritablement vu le jour qu’au détour des années 80, sur base d’un stock de pièces originales, directement issu des rayonnages de Lister.
Début 1980, un des membres de l’entourage du collectionneur japonais Yoshiyuki Hayashi donnait mandat au journaliste anglais Doug Nye de lui trouver une Lister « Knobbly » abordable. Nye joua de son carnet d’adresse et commanda à Bob Smith, spécialiste Lister de renom, de reconstituer une voiture. Le châssis utilisé allait être celui de la voiture d’un gentleman driver très méticuleux. Après un léger accident, il avait fait changer le châssis par son mécanicien qui trouvait les dégâts trop légers pour le mettre au rebus et le remisa.
Conformément à l’époque, le châssis reçut le six cylindres des Jaguar-XK, le même qui équipait les redoutables Type D. La nouvelle peau en aluminium, entièrement formée à la main, respectant scrupuleusement les courbes « Knobbly », expression anglophone signifiant « torturé, noueux », retrouvait les couleurs officielles de Lister compétition. Roues, tube de Dion et nombre d’autres pièces originelles reprirent vie en même temps que le châssis.
Le jour du départ de la Knobbly pour le Japon, alors qu’elle traversait l’atelier de Smith, poussée par les mécanos, une boite de vitesse ZF « traversa » inopinément sa trajectoire, causant une cicatrice dans ce nez si torturé. Plus le temps de mastiquer, ni même de repeindre. Nye trouve alors dans le coffre à jouet de son fils de la plasticine du jaune idéal. Dix ans plus tard, en visite de la collection Hayashi, au Japon, Nye constatera que sa réparation de fortune a persisté.
Par la suite, la voiture rejoindra le sol anglais où elle courra pendant dix ans dans divers championnats pour voitures historiques. Ses organes nées fin des années 50, assemblées durant les 80’s, ne virent enfin la piste qu’en 2000. Puissante, rapide, plus légère que ses rivales Jaguar Type D et Aston Martin DBR1 et DBR2, elle put enfin hurler sa hâte de courir dans leurs rétroviseurs et déposer, en première, ses noueux contours sous le drapeau à damiers. Patience et longueur de temps…
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