Maserati A6G Competition Berlinetta

Quand le Trident croise le Z

En marge de la vente de l’Aston Martin DB5 de James Bond, un autre bolide nous titillait les rétines : la Maserati A6G Compettion Berlinetta. Née prototype, mue par un moteur de Grand Prix et tracée avec la maestria du Z, celui de Zagato, cette Maserati est l’une des plus exclusive, une des plus jolies qu’il nous ait été donné de voir…

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La Maserati qui illustre agréablement votre écran est directement issue de l’histoire de la marque en compétition. En effet, en 1947 la marque au Trident construit un prototype de barquette nommé A6. La même année une version monofaro, pesant 580 kg à peine, motorisée par un 2.0l de 120 chevaux fit son apparition à Modène, aux mains du très rapide Alberto Ascari. Cette voiture emportera le championnat Italien 1948. En 1953, sous la houlette du génial ingénieur Gioacchino Colombo, Maserati développe une évolution de cette A6, dont le moteur dessiné par Colombo, dérivait d’un moteur de Formule 2 à double arbres à cames et double injection. Pour la première fois, Maserati concevait un moteur à course courte, capable d’atteindre un démentiel régime de 7300 tr/min qui lui permettra d’ailleurs de remporter les éditions 1953 et 1954 du Grand Prix d’Italie.

En 1954, au Mondial de l’Automobile de Paris, Maserati présente officiellement l’A6G/2000 Competition en trois versions : berlinetta, barchetta et spider. Produite durant trois ans seulement, le nombre total d’exemplaire n’excède pas la soixantaine. Ces exemplaires reçevaient au choix diverses carrosseries signées Frua, Allemano et Zagato.

Alors que les A6G produites par Allemano et Frua regorgeaient de luxe et d’extravagances, celles de Zagato arboraient la beauté épurée propre aux voitures de course. De construction légère et rigide, l’A6G signée Zagato était façonnée à la main à partir de feuilles d’aluminium martelées par des ouvriers expérimentés. Grâce aux vitres en Perspex, à la méthode de construction du Centro Disegno Zagato, l’A6G/2000 n’excédait pas les 850 kilos. Cette méthode de production traditionnelle, à la fois archaïque et artisanale confère à ce modèle son exception : chaque véhicule est unique, portant la pate, le coup de marteau, la sueur de l’artisan qui a enfanté de ses formes.

Le châssis 2137, la resplendissante sculpture qui orne votre moniteur, a été livrée rouge, dotée d’un intérieur beige le 29 mai 1956 au Comte Giuseppe Dettaiuti Leopardi. En 1957, le Comte Leopardi cède son bolide à M. Ulisse Pizzi, un pilote expérimenté qui s’engagea aux Mille Miglia de la même année sous le numéro 312, sans en voir la fin. Mais l’échec ne le retint pas et il enchaina les compétitions avec notamment la Coppa Intereuropa de Monza et la légendaire Targa Florio.

En plus d’une beauté fatale, sublime de finesse, d’agressivité et de dépouillement, cette Maserati A6G 2000 Competition Berlinetta fut une redoutable compétitrice, engagée par un gentleman driver dans les plus grandes courses d’endurance européennes. Savoureuse non ? Gageons que son propriétaire lui « inflige » le traitement qu’elle mérite. A 700.000 € au marteau, il serait dommage de la laisser s’ennuyer au fond d’un garage !

Julien Libioul

V12 GT

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