Techno Classica Essen, un nom un peu barbare qui désigne pourtant l’un des plus grands salons européens de la voiture ancienne. Visite éclair de celui qui, en mettant les formes, pourrait faire de l’ombre à des salons plus en vue.
C’est un peu le bilan que nous tirons de notre visite éclair à Essen. Débarrassé de la concurrence qui lui avait porté préjudice en 2012, Techno Classica a pu déployer toute son envergure, tant et si bien qu’il a fallu repousser les murs. A ce rythme, les milliers de mètres carrés disponibles ne suffiront plus l’an prochain.
Reconnaissons que pour le 25ème anniversaire, les organisateurs ont hissé la barre à des sommets. Le rôle titre avait été accordé au summum de la carrosserie française. Delage D6-70, Bugatti 57 C, Delahaye 135 MS Coupé et deux Talbot Lago, rien que ça ! Ces quelques joyaux montés au centre de la parure de Techno Classica passaient pourtant assez inaperçus en raison d’une mise en scène vieillotte et trop éparse.
Un constat attristant compte tenu du niveau général des véhicules présentés. Entre les marchands ayant pignon sur rue, les trésors cachés sous des enseignes plus confidentielles et la présence officielle de certaines marques, ce Salon d’Essen avait de quoi rendre ravir l’amateur.
Soulignons la superbe Lancia de chez Lukas Hüni, bien entourée par un trio de Citroën DS. La maison de vente Coys était également présente, proposant de très belles pièces, prestement engoncées dans un dédale de couloirs peu propice à leur mise en valeur. Les clubs Maserati, présent avec une somptueuse A6G, et Ferrari, ayant sélectionné des véhicules particulièrement intéressants, dans des teintes originales et variées magnifiaient tout un pan de l’un des hall.
Petite déception du côté de chez Porsche qui fêtait discrètement le cinquantenaire de la 911. Chez Audi, quelques pièces intéressantes ne pouvaient soutenir la curiosité suscitée par une Auto Union équipée d’un lavabo. BMW faisait bien entendu valoir son palmarès en compétition alors que chez Mercedes, c’est l’arrivée prochaine de la nouvelle Classe S qui menait une thématique spéciale berlines sous les projecteurs. Dans une incroyable perfection, toutes les époques étaient représentées.
Mais notre véritable coup de cœur, et nos mots son choisis, allaient du côté du biscione des Visconti. Le Cuore Sportivo nous emportait. Des luminaires mal sélectionnés sortaient néanmoins de l’anonymat le plus sublime éventail d’Alfa qu’il nous ait été donné de croiser. Une 33 Stradale explose à nos yeux. Outrageusement basse, extrêmement large dans sa partie avant, elle intimide par ses volumes arrière. Et bon sang, le dessin de cette porte… ! Giulia TZ, Alfa 33 de course et avant-guerre embaumant la Targa Florio parachevaient le chef-d’œuvre. Inoubliables, ces bolides s’arrimaient au présent en côtoyant la nouvelle Alfa Romeo 4C !
Mais comme chaque année, Essen était le salon de la variété, de l’exhaustivité. Tout y était, du bricolo coupable de recel de pièces douteuses aux bolides présentés par la maison Artcurial. Des clubs encaqués dans des recoins insoupçonnés aux ateliers de réparation, carrosserie, accessoiristes, marchands de miniatures, le visiteur ne compte pas ses kilomètres, alors qu’il ne fait que survoler du regard les onze halls d’expo.
Il est regrettable que ce Salon ne puisse mieux mettre en valeur ses exposants. Par manque de place, les engins se côtoient de trop près et se noient dans la masse. Mais Essen est un salon de vente. Par conséquent, pour bien des exposants, le nombre prime.
Quelques tendances se dégagent du marché. Les modèles populaires utilisables tout de suite attisent l’intérêt, à l’instar des pièces exclusives, véritables valeurs refuges dont les propriétaires jouissent bien plus souvent sur la route qu’on ne le croirait.
Que pouvons nous espérer de plus de la 26ème édition ?
Julien Libioul
V12 GT
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