Bollinger et James Bond

Quatre décennies de bulles

« I’d like a bottle of Bollinger, please. Slightly chilled, two glasses, thank you. » En quelques mots, un encore jeune Roger Moore introduisait une association qui perdure depuis 1973 : celle des Champagnes Bollinger avec la licence cinématographique James Bond.

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Alors que la première bouteille de Cuvée Bollinger apparaît dans une chambre d'un hôtel de « San Monique », l'île du malfaisant Dr Kananga, dans le très blaxploitation Vivre et Laisser Mourir (Live and Let Die, Guy Hamilton, 1973), l'agent secret a déjà eu l'occasion de se désaltérer des fines bulles de la maison d'Aÿ dans le roman d'Ian Fleming Diamonds are Forever, publié en 1956.

Si le plus britannique des agents secrets cultive une telle soif pour les productions de Bollinger, c'est que la maison jouit d'une aura particulière en Albion : en 1884, la Reine Victoria accorda à la maison le royal warrant qui en a fait le champagne officiel de la cour d'Angleterre. Son fils, le roi Édouard VII, l'appellait « my Bolly darling »; comme lui, les britannique en raffolent : le Royaume-Uni est le principal marché d'exportation pour Bollinger, qui y écoule 40% de sa production.

Il apparaissait donc logique que James Bond ne boive que le meilleur et le plus british de tous les champagnes. C'est sans doute ce que fit remarquer, en 1973, Christian Bizot, alors président de Bollinger, à Albert R. « Cubby » Broccoli, le producteur des 16 premiers films de l'agent 007. Attaché à soigner à la perfection l'image de son héros, ce denier conclut un accord tacite avec la maison de champagne, et Bond abandonna alors - dans les situations où le Dry Martini, « secoué mais pas agité », n'est pas pas approprié - le Dom Pérignon pour le « Bolly »

Tacite ? Oui, vous avez bien lu, et ne parlons même pas d'argent, ce serait vulgaire : il n'y en a de toute façon pas en jeu. Bollinger se contente d'envoyer quelques caisse à la production, à Londres, en échange d'apparitions sporadiques – mais parfaitement en accord avec l'image d'excellence de la maison – dans les films de James Bond. Et ce dernier à l'art de s'y connaître en bonnes bouteilles « Bollinger ? si c’est du 69, c’est que vous m’attendiez » affirme Roger Moore dans Moonraker (Lewis Gilbert, 1979).

Chaque acteur incarnant l'agent 007 ayant ainsi ses préférences : alors que Moore et Timothy Dalton se délectaient de cuvée R.D. (Récemment Dégorgée), depuis Pierce Brosnan, Bond opte pour La Grande Cuvée. Dans le dernier épisode, Skyfall, c'est cette fois le R.D 1997 qui est à l'honneur.

Pour fêter les 50 ans au cinéma de son client le plus célèbre, Bollinger a dévoilé le coffret 002 for 007. Dans un écrin en forme de silencieux de Walther PPK, l'arme préférées de James Bond, se cache une bouteille de Bollinger La Grande Année 2002 – dont le guillochage de l'étiquette et de la coiffe font un clin d'œil aux reliefs de la crosse du pistolet. Pour la dévoiler, il faut auparavant entrer le code secret permettant de déverrouiller le coffret. La bonne combinaison ? 007, bien sur...

Yan Alexandre

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