Il était Suisse, talentueux et charismatique. Il est parti de rien, a rejoint le sommet avant d’en dégringoler en une fraction de seconde, définitivement !
Il, c’est Jo Siffert, un des génies du pilotage partis trop tôt. Les amnésiques et les jeunots se réjouiront de découvrir en mots et en photos le destin d’un homme, doublé de l’histoire du sport automobile.
Né en Suisse dans la région de Fribourg, le jeune Josef Siffert découvre le sport automobile alors qu’il n’a que onze ans. Il oriente ses études vers l’automobile et, dès les premiers deniers en poche, en 1957, fait l’acquisition d’une moto pour se lancer en compétition. Après avoir emmené sa Norton à la première place du championnat 350cc, Siffert se tourne vers l’automobile et la Formule Junior, dans laquelle il engage une Lotus. Là commencent les années de débrouille durant lesquelles chaque Franc Suisse est coupé en quatre, mais qui lui permettent d’engendrer des résultats plus qu’honorables.
Peu à peu, Jo intègre la Scuderia Filipinetti avant de créer sa propre structure, le Siffert Racing Team, qui le conduit à nouveau à flirter avec la faillite. Siffert vit de sa carrière s’envoler en 1964 dans le Team de Rob Walker, l’héritier très argenté du producteur de Whiskey du même nom. Jo signera en suite deux contrats importants, scellant dans le marbre sa notoriété et ses talents de pilote. De 1967 à 1971, Porsche lui fait confiance en tant que pilote d’usine et en 1970, c’est la F1 qui s’ouvre à lui. Pilote officiel sur March puis BRM, il démontrera une grande combativité, régulièrement anéantie par des ennuis mécanique.
Rapide, téméraire, déterminé, Jo Siffert était, outre le plus grand pilote que la Suisse ait connu, un redoutable homme d’affaires. Il avait d’ailleurs monté une entreprise de ventes de voitures d’occasion, avant de devenir concessionnaire officiel Porsche, et s’était occupé de fournir les voitures nécessaires au tournage du film Le Mans. Reconnu de tous pour ses talents, mais également pour son caractère à la fois doux et fort, Siffert aura brillé de toutes parts. De la Moto à la F1, en passant par le Side-Car et la catégorie Sport, des Grands Prix au 24 Heures du Mans en passant par le Tour Auto et la Targa Florio, Siffert aura parcouru les sports moteurs en long, en large, et surtout en travers.
Puis en 1971, il y eut cette course, la Victory Race de Brands Hatch, hors championnat, pour fêter la seconde victoire de Jackie Stewart. Siffert en était à sa 43ème épreuve de la saison. Au volant de sa BRM, il s’adjuge la Pole Position, mais prends un mauvais départ et se retrouve 10ème. Au quatorzième tour, il est revenu en quatrième position, puis dans la portion la plus rapide du circuit, la BRM réagit étrangement, Siffert en perd le contrôle. La monoplace percute le remblai, tape un panneau publicitaire, passe par-dessus un poste de commissaire et s’embrase en impactant le sol.
Précis et extrêmement détaillé, cet ouvrage est un régal pour les amateurs de la légende du sport automobile. L’auteur, Ed Heuvink, contemporain du pilote, dresse un portrait nuancé et objectif qui permet tout à la fois de découvrir Jo Siffert, l’homme, le pilote, tout autant que cette époque démentielle. Les somptueuses illustrations, marque de fabrique des éditions McKlein Publishing, proposent des clichés aussi impressionnants, qu’inédits et émouvant. Une plongée au cœur du passé, à savourer en regardant tomber les flocons.
Ouvrage en Allemand, Anglais, Français, 333 pages, McKlein Publishing, disponibles dans les librairies spécialisées ou sur www.racingwebshop.com.
Julien Libioul
V12 GT
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