L’idée de voir le duel Niki Lauda / James Hunt entre les mains des studios hollywoodiens avait de quoi faire peur. C’était sans compter sur le talent de Ron Howard et son scénariste Peter Morgan qui nous offrent le meilleur film jamais réalisé sur la F1 et bien plus encore...
D’un côté nous avons le so-british et ultra-charismatique James Hunt interprété par Chris Hemsworth qui troque avec succès son costume kitsch de Thor pour une combinaison McLaren.
De l’autre, l’autrichien Niki Lauda (Daniel Brühl), pilote Ferrari froid et calculateur.
De leur début en F3 au titre de James Hunt en 1976, Rush retrace la passionnante histoire de ces deux hommes.
Avant de s’attarder sur le scénario, répondons à la question qui brûle les lèvres: la reconstitution des Grand Prix est-elle réussie? La réponse est OUI.
Les premiers plans du films vous convaincront en quelques secondes. Nous n’avions pas vu une telle ambiance dans film automobile depuis Le Mans en 1971. Les scènes de course sont tout simplement hallucinantes. Non pas par leur côté spectaculaire, mais plutôt dans la façon dont elles plongent en immersion le spectateur. Même en connaissant l’histoire, on ne peut s’empêcher de frémir et d’être pleinement emporté par ces fabuleuses séquences, avec un climax évident lors du Grand Prix du Nürburgring.
On aurait pu s’attendre à ce que l’accident dramatique de Niki Lauda soit représenté à grands renforts d’effets pyrotechniques, et bien non, nous sommes dans l’intime, au coeur de sa solitude et de sa rage de vaincre. La séquence laisse le spectateur avec la gorge nouée et les larmes au bord des yeux. A partir de ce moment la tension ne cesse d’aller crescendo, jusqu’à un Grand Prix du Japon époustouflant qui vous laissera sans voix. Jamais nous n’avions vu Ron Howard aussi inspiré esthétiquement. Sa mise en scène libérée et pleine d’énergie est la meilleure alliée d’un scénario d’une rare intelligence et parfaitement écrit. C’est cette alchimie entre les deux artistes, celle-là même qui animait le duo Hunt / Lauda qui fait l’âme de ce film. Le tandem ne choisit d’ailleurs pas son camp, il ne juge pas ses personnages, il n’y a pas de bons ni de mauvais, juste deux hommes à la philosophie différente qui au final étaient bien plus proches qu’ils ne le pensaient.
Doté d’une histoire forte et de séquences automobiles inoubliables, Rush est-il pour autant un film réservé aux aficionados de F1? Absolument pas si l’on en juge les réactions à la sortie de la salle, y compris celles du public féminin qui s’est avoué conquis par ce duel titanesque. Car Rush est plus qu’un film sur la Formule 1. C’est un film sur la fin d’une époque, un film qui parle d’amour, d’héroïsme et de survie. Une leçon d’humanité universelle que nous ne sommes pas prêts d’oublier.
Laurent André
V12 GT
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