Il y a quelques semaines d’ici, alors que l’hiver quittait lentement l’Europe, se jouait en Belgique un spectacle hors du commun.
En 1953, l’Union Mécanisée de Waterloo organise en Belgique une épreuve routière hivernale intitulée les Routes Blanches.
En 1964 l’Union Mécanisée de Spa en reprend l’organisation et peu à peu la découpe en boucles autour de la ville de Spa.
En 1967, les routes blanches deviennent les Boucles de Spa.
Une légende automobile venait de naître.
Alphonse Delettre, décidé à rendre son épreuve aussi exigeante que possible déclarait un jour : « Je rêve qu’une seule voiture rejoigne l’arrivée des Boucles de Spa ».
En 1976, l’épreuve entre au calendrier européen et accueille des pointures telles Blomqvist, Carlsson, Eklund, Pond, Waldegaard, Saby, Chatriot qui devront faire face aux remarquables pilotes locaux que sont Chavan, Colsoul, Didi, Droogmans, Duez, Dumont, Ickx, Snijers,…
Depuis 2006, l’épreuve connait une seconde jeunesse, en prenant la forme d’un rallye historique sur route fermée. Deux catégories s’affrontent : les Legend qui tentent de tenir une moyenne de 80 km/h et les Classic qui tutoient les 50 km/h.
Avec plus de 300 engagés au départ de l’édition 2011, les Legend Boucles de Spa remportent un succès inédit. Son parcours mythique, fait de portions rapides et techniques, sinueuses et vallonnées, d’épingles spectaculaires et de longs appuis, de chemins très étroits, parfois en terre. Lorsqu’il ne neige pas, les pilotes s’effraient dans des cordes pleines de terre, pestent sur des asphaltes savonneux mais savourent de jour comme de nuit les plaisirs de la glisse, les clameurs des spectateurs qui hurlent et klaxonnent leur enthousiasme.
Au sein du parcours, une spéciale détient une aura unique. La Clémentine. Il s’agit d’une spéciale forestière, cassante, aujourd’hui zone naturelle protégée, à proximité immédiate de Spa. Tantôt rapide, tantôt sinueuse, elle offre le spectacle exceptionnel d’une folle foule, amassée de nuit sur des talus, encourageant des héros d’hier et d’aujourd’hui. A quelques pas de ce public ébaubi des Porsche 911, Lancia Stratos, Ford Escort, Mercedes, Mini dessinent des sillons dans le sol meuble, projetant terres et pierrailles, tout en lacérant le silence de la forêt à 8000 tr/min. Un spectacle pour petrolheads dans un cadre théâtral !
Il manque à ce tableau un casting de choix. Les spectateurs étaient gâtés par les talents de pilotes extraordinaires tels que Blomqvist et Waldegaard, deux vieux crocodiles de retour sur les terres de leurs exploits, au volant de surpuissantes Ford Escort. Rauno Aaltonen reprenait le volant d’une Mini identique à celle qu’il pilotait au Monte-Carlo, alors qu’Yves Loubet remettait les gants pour faire virevolter une réplique de Lancia Stratos, manifestement mal réglée. Ari Vatanen officiait quant à lui en ouvreur, assis à la droite de son fils qui s’essayait au parcours belge. Le spectacle était intense et ininterrompu grâce aux talents des Duez, Droogmans, Duval, Dumas, Neuville, Solberg, Snijers, Thiry,…
Si vous n’avez pas assisté aux victoires de l’Escort de Stefaan Stouf en Legend et de l'Opel Van Rompuy en Classic, malgré un grave problème oragnisationnel rendant les classements caduques, allez faire un tour sur la toile. Des images de rêve vous convaincront de faire le déplacement en 2011.
Julien Libioul
V12 GT
L'émotion Automobile
Photos : Jacques Letihon
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