Ils étaient des dizaines de milliers à ne pouvoir résister à l’appel du rallye. 350 bolides, parfois exceptionnels, des pilotes de légende, un crachin incessant, des routes grasses, boueuses et tortueuses. Le grand cirque des Boucles de Spa !
Le soleil ne s’est pas levé.
Un perfide voile gris lui barre la route et bruine insidieusement sur les Ardennes belges.
L’attente est longue et humide, perché sur un tronc d’arbre, au beau milieu d’une foule trop nombreuse.
La neige de l’avant-veille n’est plus qu’un vestige de l’hiver capitulant.
Soudain, un flat six métallise le silence des conifères ardennais. C’est parti ! La guerre des trajectoires est déclarée. Patrick Snijers, Didier Auriol, Björn Waldegaard, François Duval,... Chacun matraque les cordes. La boue se répand sur la route. Les pneus hiver, imposés par les organisateurs, grattent vainement le sol. Les voitures chassent, lèchent les talus et hurlent dans les tours. Les spectateurs exhortent et exultent. Le spectacle est somptueux. Les phares balaient la nuit, le public trépigne. Sans discontinuer, 14 heures durant, les Porsche, Ford, Opel,… offriront un ballet inédit, brutal et héroïque.
Les acharnés de rallyes, les nostalgiques de la belle époque et les familles se battent les meilleures places le long du parcours et restent pantois quand ils voient débouler les stars.
Waldegaard, le redoutable alligator, récent vainqueur de l’East African Safari Historic Rally alignait une spectaculaire Ferrari 308 GTB groupe 4. La voiture est large, trop basse et impressionnante. Waldegaard joue avec son hurlant V8 comme vous, lorsque vous étiez champion du monde de votre salon en catégorie Dinky Toys. Il rejoindra l’arrivée à la 7ème position.
Puis vient l’ahurissante Mazda RX7 Gr. B de Gwyndaf Evans. Le bolide japonais est hypertrophié, impressionnant et envahi les vallons spadois des lamentations de son moteur rotatif.
Parmi une pléthore de vieux briscards, de légendes du pilotage, de vétéran du volant, deux « jeunots » ont impressionné. Le premier, François Duval, ex-pilote WRC, mène une Ford Escort à des vitesses affolantes. Extrêmement rapide, il joue avec une outrageante désinvolture avec les limites de sa Ford. Le public lui attribuera le prix du spectacle !
Le second, Thierry Neuville, actuel pilote WRC chez Citroën, faisait des étincelles avec une modeste Citroën Visa 1000 Pistes. Malgré ses 4 roues motrices, la voiture gigotait en tous sens, atteignant des vitesses impressionnantes. Malheureusement, les deux pilotes seront trahis par la mécanique.
Ils seront nombreux dans le cas, tant et si bien que près de la moitié du plateau ne verra pas l’arrivée. Après avoir sillonné les routes les plus sinueuses, les plus glissantes de la région spadoise, les concurrents rejoignaient la ville d’eau et le Parc des Sept Heures. L’édition 2012 a fait de la casse et ce sont les équipages les plus réguliers qui s’imposent.
Vainqueurs, Jean-Pierre Van De Wauwer et Eric Marnette arrosaient fièrement de champagne leur Lancia Beta Montecarlo faite-maison, si modeste mais si efficace. Juste derrière, deux Porsche 911, celle de Horgnies-Pirotte et du légendaire Robert Droogmans.
Les routes sales et humides ont rendus les bolides rescapés…sales et humides. Les pilotes étaient fatigués et allaient, à l’instar de la rarissime voiture ouvreuse, la Lancia Delta S4, trouver un repos bien mérité.
Plus qu’un an de patience…
Julien Libioul
V12 GT
L'émotion Automobile
Photos : Jacques Letihon
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