C’est à cet élogieux sobriquet que répondra désormais cet évènement étonnant. Inédit en France, il tutoie sans en avoir l’air son très prisé alter-ego anglo-saxon. Un délicieux tableau sur l’art de vivre les Classics à la Française.
Courir, toujours courir ! Notre civilisation court constamment après sa propre substance. La vitesse, l’efficacité, le plus infimes des gains de temps génère autant de convoitise que la trouvaille d’une Bugatti au fond d’une remise à demi-effondrée. Vivre de la même essence qu’une GT Classic, c’est jouir de la lenteur, de l’imperfection d’une époque. Enerver d’un grand coup de botte deux douzaines de soupapes, en effrayant une matriarche et son cabot, dépasser avec fracas les limites d’un pneumatique, atteindre à la sauvette, le temps d’une ligne droite, entre un dépassement mal vu et un « carrefour giratoire », une vitesse modeste mais tellement grisante, que ces sensations seules pourraient valoir des sanctions à son auteur. Jouir d’une ancienne c’est aussi s’arrêter, en descendre, apprécier ses crépitements et contempler les mirages que développent les émanations de chaleur. Il s’agit de se poser, de voir la lumière draper un bolide avec intensité ou candeur, à côté d’un autre, de beaucoup d’autres. C’est en outre deviser, narrer ses exploits, le prestige de l’histoire avec un autre perturbé de la culasse qui boira avec délectation des propos qu’il a peut-être lus cent fois. Tout ça, Christophe Pund, en amateur éclairé, en commerçant érudit, le sait et sait en faire profiter ses amis en ressuscitant une Montée de Cassel directement issue des fifties.
Une colline Chti tracée par un ruban de bitume sert de terrain de jeu. La seule règle, la seule contrainte est de partir du bas et de rejoindre le sommet. Pas de chrono, juste de l’agrément sécurisé. Christophe Pund, en sélectionneur exigeant, retenait des véhicules insolites, rares et plus populaires, rassemblait un parterre hétérogène de véhicules de caractère. Le samedi certains d’entre eux participaient à un rallye routier d’une centaine de kilomètres. Puis, le lendemain, les propriétaires se sont fait compétiteurs le temps d’une montée, imitant la lutte d’un pilote de montagne face aux épingles et courbes aveugles. Sous un soleil radieux, l’accent était mis sur les légendaires productions de Colin Chapman, les Lotus. Quelques superbes Eleven ou Europa côtoyaient de spectaculaires Bizzarrini et autres Alfa, Bugatti, Ferrari, dans une anarchie très esthétique, sur l’herbe rase d’une remarquable propriété. Embaumé de fragrances de frites, saucisses, bières et gaufres, ce jardin où poussaient, le temps d’un weekend, des bolides colorés au senteurs de ricin, offrait un lieu de pique-nique thématique à des autophiles enthousiastes.
Loin d’une course, loin d'un rassemblement, cet évènement offre en plus d’un spectacle automobile, une ambiance inédite faisant la part belle aux plaisirs immédiats et évidents des Classics. Christophe Pund, débordé par les exigences d’une telle organisation, s’est vu contraint de ne plus reconduire l’aventure qu’une année sur deux. Rendez vous en 2013 donc, pour une expérience à vivre intensément, en profitant lentement de toutes ces émanations de mécanique, de carrosserie et de vitesse.
Julien Libioul,
V12 GT
L'émotion automobile
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