En 1907, le Paris-Pékin rassemblait 5 voitures. Cinq équipages un peu déments affrontant un continent entier, à une époque où l’asphalte était toujours en gestation, à une époque où il ne faisait pas bon franchir certaines frontières, à une époque où l’on accélérait avec la pédale du milieu !
100 ans plus tard, en 1997, il existait encore quelques perturbés de l’automobile en manque d’aventure pour rendre vie à ce voyage exceptionnel. En 2010, ce sont 98 valeureux équipages qui se sont lancés à l’assaut des 14.360 km qui séparent le centre de Pékin de notre capitale.
Les concurrents ont quitté la Chine pour traverser les spectaculaires ondulations du territoire mongol, avant de faire une incursion au pays des Soviets qui les mènera au Kazakhstan, en Ouzbékistan ainsi qu’au Turkménistan. Cette route, la Route de la Soie, parcourant de part en part le continent asiatique, conduira les concurrents vers l’Iran, la Turquie, la Grèce, l’Italie et enfin la France, la Place Vendôme.
Le Peking to Paris, c’est 14.360 km de pistes qui n’en sont pas. Cette aventure offre aux concurrents de traverser l’horizon, ses contrées inhabitées, balayées par les vents, parfois peuplées de tribus nomades qui ont pour traditions les coutumes de leurs lointains ancêtres.
Le quotidien d’un de ces aliénés de l’automobile est aussi gratifiant que pénible. Dormir sous tente, être éveillé par des singes, traverser le désert de Gobi, négocier des heures durant aux frontières, réparer un bris de train avant dans le froid, solutionner un problème de transmission dans la poussière, rentrer au bivouac à la ficelle et sombrer dans les bras de Morphée…avant de recommencer le lendemain et 36 autres longues et éprouvantes journées. Et puis il faut les piloter ces voitures. Certaines sont aussi maniables que des locomotives, d’autres offrent un confort aussi inattendu qu’elles sont fragiles et il y a celles dans lesquelles on a froid, les yeux remplis de poussière, toujours ouverts car il faut éviter les trous, les arbres et les chèvres…
Dans ces conditions, l’homme souffre, mais que dire de la machine qui avale la poussière, surfe sur le sable, se disloque sur les cailloux, décolle et s’écrase, se noie puis étouffe. Les héroïnes de ces aventures ce sont elles : l’Itala de 1907, la La France de 1919 et son monstrueux moteur de 14,5 litres de cylindrées, les Lagonda Rolls Royce, Bentley, Alfa 6C, BMW 328 et puis les fluettes et désuètes VW Cox.
Et pour ceux à qui tout cela ne suffit pas, il y a la compétition qui a consacré une Vauxhall de 1925, une Chevrolet Fangio Coupé de 1938 et une Holden de 1974.
Cet évènement combine avec merveille l’histoire de l’automobile et la beauté du monde, celle que l’automobile détruit mais à laquelle les plus vieilles des automobiles résistent. Une aventure exceptionnelle, un spectacle pour les yeux, même par photos interposées, mais avant tout un hommage aux aventuriers de l’automobile, ceux qui les ont conduites, mais aussi ceux qui les ont construites, à cette époque ou l’automobile balbutiante ouvrait au rêve. Essayez d’entamer la moitié de cet ahurissant périple avec une Alfa Romeo 8C d’aujourd’hui ! En plus de capituler, vous peinerez à le savourer.
Julien Libioul
V12 GT
L'émotion Automobile
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