Une fois de plus, le tracé spadois a été envahi par une horde d’équipes britanniques. Les bolides les plus hétérogènes se sont disputés les vibreurs du plus beau circuit du monde. La course titre de l’épreuve est tombée dans l’escarcelle d’une Ford GT40.
Chaque année, ils sont des milliers à traverser la Manche pour permettre à leurs bolides de se dégourdir les Avon, Michelin ou Dunlop sur le plus spectaculaire tracé automobile de la planète. Quelques autochtones, quelques français, néerlandais ou allemands prenaient néanmoins part à la bagarre.
Comme de coutume, les Spa Six Hours marquent par leur singulière variété. La course titre de l’épreuve a été remportée par une spectaculaire GT40, celle de Voyazides et Hadfield. En 109 tours, avec 34 secondes d’avance, ils s’imposent sur la Chevrolet Corvette Grand Sport des Néerlandais Campagne, Kalff et Lammers. Un bolide impressionnant, diablement rapide, mais rendu monstrueux, au sens propre du terme, par les exigences de la compétition. Ne le manquez pas, il figure en blanc dans notre galerie de photos et porte le numéro 6. Une autre GT40, celle des britanniques Lynn, Haddon et Clark fermait le podium.
Mais pour avoir assisté à l’intégralité de la course en bord de piste, c’est dans les extrêmes que cette épreuve était la plus savoureuse. Si les GT40, AC Cobra et autre Mustang déposent littéralement les engins les plus modestes à l’accélération, nous ne pouvions que saluer les efforts des pilotes de Mini. Chatons au milieu d’un peloton de guépards, elles enroulaient les virages avec témérité, dans d’adroites glisses, luttant à couteaux tirés avec les moteurs Coventry Climax de superbes Lotus Elite et tenant la dragée haute en courbe aux plus impressionnantes compétitrices.
Le contraste était aussi frappant lorsque nous voyions une rougeoyante Ferrari 250 GTO faire l’extérieur à une abondante Ford Falcon. La force brute du V8 opposée au raffinement technique du V12. Soulignons encore ces 911, valseuses dociles et rigoureuses qui muent chaque changement d’appui en un langoureux pas de deux avec l’adhérence.
Tout cela, mis en scène dans le plus épatant des colisées, entre la brume matinale, une pluie froide et dense, d’intenses rayons de soleil et une nuit rafraichissante. Ce n’est pourtant pas le déclin des températures qui faisait frissonner les nombreux spectateurs, massés entre le circuit et les buvettes noyées dans les réconfortantes effluves de pils et de frites.
Des pétarades des paddocks, qu’il s’agisse de celles d’une Bultaco ou d’une Chevron en cours de réglage, aux grondements des Lola, le spectateur en eut pour son argent. Parcourus par les spasmes provoqués par le passage du plateau de F1, les milliers de spectateurs ne pouvaient être que conquis par l’ambiance des paddocks, la succession des courses, la lutte entre les Cortina Lotus, les Abarth, les 3.0 CSL…
Les Spa Six Hours sont comparables au speed dating. Mieux, elles assurent de conclure à chaque rendez-vous…
Julien Libioul
V12 GT
L’émotion automobile
Photos : Quentin Champion
Vos commentaires