En ce dernier weekend de septembre, le toboggan spadois a littéralement résonné des vrombissements de bolides plus exceptionnels les uns que les autres. Le patrimoine rutilant du sport automobile revenait sur les terres de ses grandes heures, affrontant à nouveau le terrible circuit de Spa et sa dantesque météo.
Pénétrer dans l’enceinte de ce circuit, en parcourir le pourtour est toujours un moment intense, presqu’émouvant. Dans les paddocks, malgré des installations modernes, on distingue les vestiges de la modeste infrastructure d’une époque lointaine. Peut-être que les que les Ferrari, Ford GT40, et autres monoplaces qui y prenaient leurs quartiers le temps d’un weekend retrouvaient des lieux, une pit-lane, des paddocks arpentés jadis. Et puis il y a ce circuit, vallonné et tortueux, planté au beau milieu des collines, entre les feuillus, les conifères et la roche calcaire. La naturelle quiétude de ce paysage, soudain rompue par les éructations d’une AC Cobra. Puis c’est au tour d’une Aston Martin, d’une TVR, d’une Porsche, d’une Bizarrini,… La vallée résonne, l’Eau Rouge, le ruisseau local, semble fuir et le sol tremble sous les pieds des spectateurs.
La météo maussade ne freinait pas la curiosité des spectateurs. Présents en nombre et en famille, ils déambulaient au beau milieu de voitures rares, bruyantes et odorantes. Les gamins demandaient à leurs pères quelles marques se cachaient sous la spectaculaire peau d’un prototype noir avant de s’effrayer du grondement de son moteur. Et pour ne rien gâcher, les propriétaires, majoritairement anglais, de ces pédigrées ambulants n’hésitaient pas à deviser avec le quidam pour conter combien leur voiture est rare, historique ou performante. Ambiance bon enfant inédite !
Cet évènement étant avant tout une course, les pilotes enfilaient tour à tour leurs combinaisons, se positionnaient sur la grille de départ avant de gravir le raidillon plein gaz. La course titre du meeting, les Six Heures de Spa, seule à avoir bénéficié d’un rayon de soleil, voyait s’imposer une splendide Jaguar Type E Lightweight, juste devant deux impressionnantes GT40 pourtant en première ligne sur la grille. Cette course offrait un spectacle de haut vol, une âpre lutte entre les pilotes, alors que durant d’autres manches, c’est dans la météo qu’il fallait voir le principal rival. Beaucoup se sont laissés piéger et ont chiffonné de la tôle, alors que d’autres soignaient leurs dérives et corrigeaient tant bien que mal leurs freinages. Etre en bord de piste n’était guère agréable, mais le spectacle des pilotes aux abois, des légendaires F1 tout en glisse et des gerbes d’eau percées par les phares et retours de flammes valait son pesant d’or.
L’an prochain, nous y serons, encore et toujours, car qu’il pleuve qu’il vente ou qu’il neige cet évènement vaut la peine d’être vu, d’être vécu.
Julien Libioul
V12 GT
L'émotion Automobile
(Photos Jacques Letihon)
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