Citroën SM Présidentielle
Le chant du cygne de la carrosserie française
Henri Chapron avait réalisé de splendides cabriolets sur la base de la DS, il était donc tout a fait logique qu’il s’intéresse à la SM.
Présenté au Salon de Paris de 1971, le Cabriolet SM Mylord, aux lignes et à la finition splendides, fut produit à sept exemplaires. L’année suivante, Chapron créa une nouvelle voiture, la SM Opéra, une berline à l’empattement allongé, dont 8 exemplaires seulement furent livrés, la moitié à l’entourage du Général Franco en Espagne. La SM Présidentielle constitue en quelque sorte un croisement génétique entre une SM Mylord et une SM Opéra.
Le parc des voitures officielles de l'Etat ne s’était guère renouvelé depuis les années 50 (qui se souvient le la splendide Talbot Lago T26 Record carrossée en landaulet par Saoutchik pour Vincent Auriol ?). Le Président Pompidou, grand amateur d'automobiles, avait annoté une date importante sur son agenda : Mai 1972, date de la visite de la Reine Elizabeth II à Paris. Pas question de lui faire remonter les champs Elysées en Versailles décapotable ou autre vieillerie, et la DS Chapron blindée du Général ne lui permettrait de profiter du beau printemps parisien annoncé. Il fallait à la présidence une automobile de parade représentative de son époque.
Le responsable du parc de l’Elysée pris contact fin 1971 avec les bureaux d’étude de Citroën, Quai de Javel. Un cahier des charges conséquent fut établi, qui fut transmis aux établissements Henri Chapron à Levallois Perret, dont ce fut une des dernières réalisations d'importance.
Henri Chapron se mis au travail immédiatement. Plusieurs projets ont été envisagés, dont un landaulet, jugé inesthétique par le patron. Il conçu finalement une berline allongée décapotable sur toute la longueur du toit, en partant d’une coque de SM rallongée de 52 cm au niveau de l’empattement, et de 19 cm au delà des roues arrière. Mais le travail fut compliqué par la nécessité d’offrir suffisamment de largeur aux coudes aux illustres passagers, tout en réservant un espace suffisant pour loger les parties latérales de la capote repliée, en particulier les compas du mécanisme. Cela obligea Henri Chapron à élargir la coque dès les portes avant, jusqu'à la poupe de la voiture. De même, le pare brise est d’un galbe différend et a été rehaussé de quelques centimètres. Et les portes avant ont été raccourcies. Le poids n’est grevé que de 330 kg environ ce qui est remarquable, le poids total n’atteignant pas deux tonnes.
Tout cela n’est rien à coté des dizaines d’heures passées à concevoir puis à élaborer le système de capotage qui, outre le fait qu’il présentait une longueur inhabituelle, ne devait pas dénaturer les lignes élancées de la voiture et devait être assisté par un dispositif électro-hydraulique fiable, afin de pouvoir protéger les occupants rapidement en cas d’orage. A noter que la capote est réalisée en cuir noir traité et non pas en mohair comme de coutume.
Bien-sûr, le tout fut aménagé par les selliers-garnisseurs de la maison Chapron, parmi les meilleurs en France. L’habitacle est donc tendu de plus d’une douzaine de peaux fournies par les Tanneries Costil à Pont-Audemer, malheureusement disparues aujourd’hui. Une telle qualité de cuir pleine fleur teinté dans la masse est quasiment introuvable aujourd’hui.
Les sièges avant sont excentrés, de manière à laisser une petite place à un strapontin central dos à la route, qui permet à une interprète de faire face aux passagers arrière et de faciliter leurs échanges. Cela a imposé de repositionner les commandes de suspension et le frein à main.
De nombreux autres détails démarquent ces autos exceptionnelles, entièrement façonnées à la main, qui ont été facturées l’équivalent de 700 000 EUR pièce à l’Elysée par Citroên.
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