Thibault Gorczyca est cette année copilote pour le Group Sauvan. Mais, avant de prendre le chemin du PWRC, ce béthunois de 32 ans a une carrière rempli tant sur le plan sportif qu’anecdotique.
Comment es-tu venu au copilotage ?
J’ai commencé le sport automobile et plus particulièrement le rallye il y a 10 ans, en 1998 précisément. Mon père était copilote et il voulait absolument que je participe à des championnats de karts, on assistait souvent à des manches de rallyes… Mais, jeune, je ne portais aucun intérêt au sport automobile. J’étais plutôt bicross, skate… que voiture.
Et un matin, en me réveillant, j’ai eu envie de faire un rallye. En mars - avril 1998, j’ai monté un programme afin de participer au rallye de Béthune en plus de deux ou trois autres manches. J’ai demandé à Grégory Perrin, mon beau frère, alors mécanicien de me suivre à Fontainebleau afin d’essayer la voiture. Comme il se débrouillait bien au volant, je lui ai demandé s’il voulait piloter les manches programmées et c’est naturellement que j’ai gardé la place de copilote. Le père de Grégory, mon beau-père Patrick Perrin, nous a aidés en nous prêtant du matériel et en préparant la voiture. Mon père m’a permis de rencontrer des personnes « influentes » qui m’ont sponsorisé et permis d’être au départ. J’ai donc commencé le rallye en tant que copilote et je n’ai jamais quitté ce poste.
Justement, pourquoi ne pas avoir essayé un jour d’être le pilote et de délaisser le copilotage ?
Non, parce que les copilotes ont le défaut ou la qualité de savoir se débrouiller seul. Je pense que pour être copilote il faut être à la fois indépendant et polyvalent.
Quel est ton parcours ?
J’ai commencé la compétition en 1998 en prenant part à des rallyes régionaux à bord d’une 205 Rallye. Ensuite, j’ai participé au Volant Peugeot avec Thierry Vincent avec une Peugeot 206. J’ai connu les premiers succès avec Jimmy Mannessier. Etre à ses côtés a été une époque intense de ma vie. Après le tragique accident de Jimmy, j’ai copiloté aux côtés de Julien Pressac en 2007, à bord d’une Peugeot 207 2000 en Championnat de France et en IRC. Ensuite, j’ai rejoint le team Sauvan en 2008 pour le Championnat de France et quelques manches en Mondial. J’ai également couru avec de nombreux pilotes comme Benoît Rousselot… mais celui qui m’a marqué le plus aussi bien sur le plan sportif que amical est sans aucun doute Jimmy.
Cette année, tu cours avec Frédéric Sauvan, en PWRC, comment ressens-tu cette expérience ?
Alors les mots qui me viennent à l’esprit sont : extraordinaire, magique, rêve, professionnel mais aussi difficile… Plus sérieusement, c’est un rêve qui s’est réalisé, on vit des moments extraordinaires, on fournit beaucoup de travail pour être à ce niveau ; c’est assez difficile tant sur le plan physique que psychologique. Les manches du PWRC sont des rallyes sprint où l’on court plus de 300 kilomètres de chrono. On reste une semaine dans un pays mais on a le temps de rien voir, le tourisme est banni de notre programme. On réalise les reconnaissances en début de semaine et à partir du jeudi les choses sérieuses commencent… Mais une chose est sûre : quand on a eu la chance de pouvoir participer aux épreuves du PWRC, on ne souhaite faire que cela !
Quels sont les objectifs pour cette fin de saison ?
Avec le team, nous continuons de progresser à chaque course, nous devons engranger de l’expérience, des kilomètres. Pour la fin de saison, l’idéal serait d’effleurer le podium mais l’objectif est audacieux. Il ne faut pas oublier que c’est notre première année dans cette catégorie. Face à nous, nous avons des concurrents qui sont en PWRC depuis 3 ou 5 ans, ils sont quasiment professionnels alors que Fred et moi nous sommes encore amateurs puisque nous avons un métier à côté. Cette première année en PWRC est enrichissante, surtout que chaque mois, nous découvrons un nouveau pays, de nouvelles conditions de routes, climatiques… Par exemple, en Argentine, à la fin du mois d’avril, Fred et moi, nous devrons nous habituer à rouler dans des voitures avec + de 30°C. Quand on pense que début février on roulait à – 30°C en Norvège, on peut dire que l’on vit une belle expérience.
Au rallye d’Epernay, avec Pierre-Antoine Hazebrouck (pilote team Odas Racing) lors du Citroën Trophy, tu as eu une violente sortie de route. Est-ce que la notion d’accident est à l’esprit quand tu prends le départ d’un rallye, en général ?
Non, si tu montes dans la voiture et que tu as peur, alors autant rester à la maison. Il est évident que des fois tu puisses douter, mais la passion et l’adrénaline font que tu oublies très vite les incertitudes que tu pourrais avoir.
Dernière question : Thibault Gorczyca dans 5 ans ?
Dans cinq ans … question piège. Toujours copilote et puis pourquoi pas m’occuper de jeunes débutants dans les différentes formules de promotion. Pourquoi pas également aider le Team Sauvan, si la passion est toujours présente, on me verra toujours lors des week-ends de course...
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