Rencontre avec Valentino Balboni

40 ans de bons et loyaux services chez Lamborghini !

Il y a des hommes qui font l’histoire de l’automobile. Pour Lamborghini, Valentino Balboni est de ceux-ci. Le constructeur de Sant’ Agata vient de lui rendre hommage en lançant une série limitée (de 250 exemplaires) portant son nom : la Gallardo LP 550-2 Valentino Balboni. Le pilote essayeur, fidèle à la marque depuis 40 ans, n’en revient toujours pas ! Nous avons eu la chance de le rencontrer. En quelques questions, nous avons découvert un homme modeste et accessible pour qui Lamborghini est avant tout l’histoire d’une vie...

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Comment êtes-vous entré au service de Lamborghini ?

Un jour, par hasard, en passant devant l’usine avec le curé de mon village, je vois un employé qui décharge des carrosseries de Miura. Elles m’attirent comme un aimant. Après lui avoir donné un coup de main, il m’explique qu’ils recherchent des mécaniciens. Je venais de décrocher mon diplôme et j’avais besoin d’un boulot. Je commençais une semaine plus tard en tant que jeune mécano ou plutôt en tant que... garçon d’usine. Comprenez par là que j’ai tout appris sur le tas !

Un apprentissage qui vous a permis de devenir pilote essayeur. Incroyable, non ? Pourriez-vous nous expliquer ce parcours atypique ?

Après avoir fait mes armes en tant que mécano, je suis passé au service après-vente. Là, je m’occupais des voitures des clients et je me permettais en fin de journée de rouler avec ces bolides. Je me suis souvent fait taper sur les doigts. Et puis un jour, je me suis fait convoquer par mon chef pour m’entendre dire qu’on voulait m’enseigner le métier d’essayeur pour de bon. Ferruccio Lamborghini m’a confié à Bob Wallace, le pilote « maison » à qui l’on doit la mise au point des 350 GT, 400 GT, Miura et autres Countach. C’est mon père spirituel. Je lui dois tout.

Quel souvenir avez-vous gardé de Ferruccio Lamborghini ?

C’était un paysan ! Il n’y a rien de péjoratif dans ces propos. Ferruccio avait une forte personnalité, était chaleureux et humain. Il conduisait son entreprise comme un père de famille et n’a jamais entretenu un rapport de force " patron - ouvrier ". J’en retiens aussi l’image d’un bon vivant...

A votre avis, quelles sont les qualités requises pour être un bon essayeur ?

Un essayeur doit avant tout connaître la mécanique, travailler ses sens au quotidien, comprendre la voiture sur laquelle il travaille et savoir s’adapter au développement du produit. L’essayeur est le lien entre les ingénieurs et la voiture. Sa mission est donc de pouvoir confirmer aux ingénieurs que le modèle imaginé sur ordinateur avec toutes ses caractéristiques techniques est identique à celui testé sur la route.

De toutes les Lamborghini mises au point en 40 ans de carrière, laquelle vous a le plus marqué et pourquoi ?

La Diablo ! J’ai été responsable de son développement du début à la fin. Alors, quand vous sortez le prototype de l’usine à 4 heures du matin pour ses premiers tours de roues, je peux vous assurer que ce moment est magique et se vit comme la naissance d’un enfant.

Aujourd’hui, comment voyez-vous la sportive idéale ? Quelles en seraient ses principales caractéristiques techniques ?

Il n’y a pas de règle précise pour définir une voiture de sport. En vérité, c’est toujours une question de philosophie propre à la marque. Par exemple, pour Lamborghini, c’est un peu l’histoire personnelle et le caractère bien trempé de Ferruccio qui font d’une Lamborghini ce qu’elle est. Cela dit, pour répondre à votre question, je la vois quand même exclusive, facile à conduire, puissante et avec une ligne époustouflante.

La Gallardo « Valentino Balboni » annonce-t-elle l’arrivée d’autres propulsions au sein de la gamme ?

Lamborghini est peut-être à un tournant de son histoire. Depuis plus de 15 ans, nous produisons des modèles à transmission intégrale. Aujourd’hui, Lamborghini revient aux sources avec cette propulsion pure et dure. De là à vous dire que la marque prévoit d’autres propulsions au catalogue, il y a un pas que je n’oserai pas franchir. Si aucune Gallardo Spyder « Balboni » n’est d’actualité, je peux par contre vous assurer que les projets en cours continuent à entretenir le rêve...

Laurent Norro



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