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Gentleman's Express

 

Bristol 405 Coupe vert calandre coupé 2

C.R. Ghislain Balemboy

Je tire la manette du starter, je donne deux coups d’accélérateur à vide, un coup de clé et de bouton poussoir, et le six cylindres en ligne s’éveille immédiatement, dans un vrombissement sportif. Son bruit me semble familier, et pour cause, puisse qu’il est identique, ainsi que la boite de vitesses, au moteur de l’Arnolt Bristol que nous avons essayé l’année passée, mais en plus feutré.

 Je passe la première, sans craquement, du moins à l’arrêt, et nous décollons. En ville, la Bristol se comporte en vrai gentleman britannique : d’une exquise politesse en toutes circonstance, elle ne hoquette pas, se laisse mener docilement par le biais d’une direction souple, et ne hausse jamais le ton. J’apprécie par ailleurs la relative souplesse de ses suspensions, ainsi que le bon confort des ses sièges, dont la petite taille me faisait pourtant douter de leur moelleux. Nous quittons la périphérie, et après quelques kilomètres d’une voie rapide chargée, nous atteignons la lisière d’une forêt.

 Le trafic est plus clairsemé, je descends un rapport de boite. Que diable ! Le gentleman débonnaire d’Eton a jeté sa jaquette et enfilé ses gants de conduite ! Le moteur change totalement de caractère : d’un moelleux six cylindres au couple abondant, il s’est transformé en double arbre à cames rageur, au bruit d’admission impressionnant. Il faut dire qu’il est alimenté par une magnifique rampe de 3 carbus, surmontés chacun par un filtre à air circulaire, ce qui lui donne une capacité respiratoire d’athlète. De l’autre côté du bloc moteur, un impressionnant collecteur d’échappement « 3 en 2 » facilite le flux des gaz d’échappement et magnifie le bruit du moteur. J’ai d’ailleurs bien plus l’impression d’avoir un 4 litres sous le capot que le modeste 2 litres de la marque.

 Le camion qui me précède pile, j’écrase la pédale centrale : les 4 tambours couinent à tout va, mais la Bristol ralentit fortement, en ligne et sans brouter. J’ai eu très peur de froisser sa jolie carrosserie. Je décoche un appel de phare à l’impudent chauffeur, et je le dépasse d’un coup de gaz.
 J’enchaine quelques virages et je suis encore une fois frappé par la souplesse de la direction, qui ne me trahit pas. Nous terminons par une longue promenade dans les alentours, durant laquelle je suis surpris de constater que j’atteins des vitesses prohibées sans même m’en rendre compte. Je fait corps avec la voiture : sa douceur et sa souplesse alliées à l’enthousiasme très britannique de sa mécanique en font une véritable G au sens propre du terme grand tourisme. Qu’il devait être bon de traverser l’Europe à son bord dans les années 50, au volant de cette « Gentleman’s Express » sans avoir l’œil rivé sur le compteur… Quelle époque !

Charles Paxson

V12 GT

L'émotion automobile

Photographe : Ghislain Balemboy

Nous tenons tout particulièrement à remercier chaleureusement les Automobiles Vanderveken à Bruxelles pour la mise à disposition de ce Coupe Bristol 404.

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