Mars 1970, Salon de Genève. Citroën, marque française toujours créditée d’une image plutôt flatteuse dans le domaine du haut de gamme grâce à la DS et à sa suspension révolutionnaire, lance une véritable bombe : un coupé GT conçu conjointement avec Maserati et capable de rivaliser avec les meilleures productions étrangères de l’époque. La SM était née.
Seuls 18 mois auront été nécessaires à sa conception. Un véritable tour de force, nécessitant un cahier des charges et un timing dont la réussite du projet dépendait du strict respect. Ainsi, le constructeur français se chargerait de la création de la voiture, Maserati, du moteur.
Après avoir été testée de longs mois camouflée sous une carrosserie de DS raccourcie et élargie, la SM se dévoile finalement sous les projecteurs de Genève en 1970, devant les yeux ébahis des milliers de visiteurs qui n’attendaient certainement pas Citroën dans ce créneau du marché automobile. Il faut dire que la voiture a de quoi étonner, avec son large bandeau vitrée à l’avant, ses feux directionnels assortis à la direction et son dessin tout profilé vers l’arrière, d’ailleurs nettement moins large que l’avant.
La SM présentée est équipée d’un bloc V6 de 2.670cc développant quelque 170 chevaux extrapolé à partir du V8 Maserati de l’époque. Si le rapport poids/puissance était tout juste dans la moyenne de ce qu’était capable de sortir un V6 de l’époque, c’est que les ingénieurs avaient volontairement limité la cavalerie de manière à privilégier la fiabilité du moteur.
Mais malheureusement, malgré un très bon démarrage commercial, les premiers exemplaires de la SM, comme tous les premiers modèles sortis de chaînes Citroën à cette époque, souffriront de ce que l’on appelle «des défauts de jeunesse» et la voiture sera vite boudée par la clientèle internationale. Des défauts que le réseau Citroën de l’époque, plus habitué aux DS et 2CV, n’était pas toujours formé à solutionner.
Cela n’empêchera pas la SM de connaître une carrière mondiale, puisqu’elle était distribuée aux quatre coins du monde, et fut l’un des derniers modèles commercialisés par Citroën en Amérique du Nord, aux côtés de la CX, équipée alors d’un bloc 3.0l de 190 chevaux.
Le choc pétrolier de 1973 et l’instauration des limitations de vitesses en France sont souvent tenus pour responsables de la fin prématurée de cette grande dame de l’automobile française, après que sa production ait chuté a 190 exemplaires de janvier à septembre 1975, mois de l’arrêt de la production. 12.920 exemplaires auront été produits.
Pendant Ses cinq années de vie, la SM n’a pas manqué d’inspirer certains carrossiers, dont le plus célèbre est Henri Chapron qui présentera la SM Mylord, un cabriolet sans arceau dont Citroën a un temps envisagé la production, et la SM Opéra, version quatre portes doté d’une poupe particulière. Si ce modèle ne sera jamais produit non plus, deux versions découvrables seront en revanche réalisées sur commande spéciale du Président Pompidou et serviront la république jusqu’en 2007. Vous pouvez d’ailleurs retrouver l’essai de l’une d’entre elles dans nos pages.
Après un gros passage à vide dans le segment du haut de gamme, Citroën semble aujourd’hui à nouveau tenter d’y revenir, comme tendent à le prouver les derniers concepts dévoilés par la marque au double chevron. Cela passe bien sur par la tonitruante GT, dont on espère toujours ardemment l’annonce d’une mise en production d’une petite série, ou le concept Metropolis, grande limousine réalisée par le bureau d’étude chinois et exposée à l’Exposition Universelle de Shanghaï.
Citroën a d’ailleurs déjà entamé le renouveau de son image dans ce segment, avec l’arrivée de la gamme DS, dont de nombreux nouveaux modèles sont annoncés dans les prochains mois.
Nicolas Morlet
V12-GT
L’émotion automobile.
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