Je cède rapidement à l’appel du mode “Sport”.

La Vanquish révèle alors une nouvelle facette de sa personnalité.

Clapets ouverts, l’échappement permet aux V12 d’exprimer toute la puissance de ces vocalises. Une symphonie grisante que l’on joue avec la pédale droite.

En un instant on oublie tout : le style peu innovant, les 1739 kilos de l’auto (oui, malgré une carrosserie en carbone !) et on remercie Aston Martin d’avoir conservé ce fabuleux douze cylindres. J’en profite également pour prendre le contrôle de la boîte de vitesse grâce aux palettes en carbone. Bien que la réactivité et les sensations ne soient pas celles de la boîte F1 Ferrari ou de la PDK chez Porsche, cette ZF s’en sort honorablement, car il ne faut pas oublier de replacer cette Vanquish dans son contexte : il ne s’agit pas d’une bête de circuit mais bien d’une super GT de luxe. Avec ses qualités : le confort, l’agrément de rconduite, et ses défauts : un poids important qui peut jouer sur le comportement de l’auto et des accélérations pas vraiment impressionnantes, pour peu que l’on soit habitué aux sportives de Maranello. A vrai dire, le couple présent dès les plus bas régimes offre plus de sensations que la puissance proche du rupteur.

Qu’importe, car cette Vanquish possède deux qualités de plus en plus rares dans l’automobile : l’élégance de ses lignes, et une incroyable faculté à créer des émotions. En privilégiant le plaisir au détriment de la course à l’armement et de la chasse au chrono, cette sportive reste fidèle à l’ADN Aston Martin, et elle séduira sans mal une clientèle plus mature, à la recherche d’une expérience différente de celle proposée par Ferrari, Lamborghini ou McLaren.

A terme, elle pourrait même devenir un collector : par sa rareté, mais aussi car il est probable qu’elle soit l’ultime GT de la marque équipée de ce délicieux V12. En effet, au début de l’hiver la firme anglaise a annoncé un partenariat avec le motoriste AMG. On peut donc s’attendre pour les futurs modèles à des motorisations inédites. D’une certaine manière la Vanquish 2 pourrait être la conclusion d’un immense chapitre dans l’histoire d’Aston Martin. Un chapitre ouvert en 2001 avec sa devancière. C’est d’ailleurs, elle que l’on retiendra, tant elle a joué un rôle commercial, technique et stylistique important qui dans l’histoire moderne de la marque. La boucle est bouclée.

Laurent André

V12 GT

L’émotion automobile

Photographe : Ghislain Balemboy