« Je vous la confie », s’exclame notre chauffeur en se garant dans une rue étroite à l’entrée de la ville. Pas de souci ! Sauf que, même si la position de conduite se trouve aisément et est parfaite, il va falloir composer avec un volant au diamètre inhabituel, un capot immense dont la ligne d’horizon est dominée par la Flying Lady fendant l’air, un beau rayon de braquage (13,8 m) et une improbable visibilité de ¾ arrière. Heureusement, les radars voleront à notre secours et les deux caméras placées dans les ailes avant (avec un angle de vision panoramique à 180°) nous éviteront toute malheureuse rencontre avec un piéton ou un cycliste déboulant de nulle part.
En poussant sur le bouton Start / Stop Engine, le V12 de 6,75 litres s’éveille en douceur ou plutôt… en silence. « Le moteur tourne-t-il ? », dixit notre passager. La question s’évapore dès que nous enclenchons la position Drive de la boîte automatique à 6 rapports. Sur un filet de gaz, avec une facilité déconcertante, notre berline se déplace à l’image d’une ballerine. Sa souplesse, elle le doit à sa valeur de couple plus que généreuse et immédiatement disponible, mais également à ses changements de vitesses imperceptibles. Sous le pied droit, les 460 chevaux semblent largement suffisants pour propulser cette automobile de 2 625 kilos.
De plus, avec sa répartition des masses de 50/50 entre l’avant et l’arrière, cette Rolls Royce fait preuve d’un bel équilibre. La direction précise et communicative y participe. Par contre, la souplesse des suspensions (répercutant malgré tout certaines irrégularités de la chaussée) et les pneus à flancs hauts n’invitent pas à pousser la Phantom dans ses derniers retranchements. Cette Rolls Royce est toutefois capable d’accélérations dignes d’une véritable sportive et peut filer à 240 km/h. Et ce, en toute sécurité, les freins se révélant mordants ! Enfin, cerise sur le gâteau, avec une moyenne de 21 litres relevée au cours de cet essai, la Phantom se révèle relativement sobre en regard du poids et des performances prestées. Mais, à son volant ou à son bord, l’essentiel est dans le tout. « The spirit of Ectasy » s’explique sans doute mieux ainsi…
Laurent Norro
Photographe : Yvonnic Coomans de Brachène