Le clou du spectacle de Rétromobile était indéniablement la collection Peter Mullin. 10 françaises rarissimes et spectaculaires rassemblées sur quelques mètres carrés. Mais qui peut bien être ce passionné ?
Après avoir patienté devant la loge VIP de M. Mullin, le grand collectioneur nous accorde une petite heure dans son programme très chargé. A l’écart des amis qui l’entourent, confortablement installé dans un provisoire boudoir de cuir, il répond avec flamme à nos questions.
V12-GT : Mister Mullin, vous ici ?
P.M. : Les organisateurs de Rétromobile sont entrés en contact avec moi il y a quelques mois. Ils m’ont demandé s’il était envisageable que je soutienne l’exception de Rétromobile en y amenant 10 françaises de renommée. Ils me fournissaient le cérémonial et j’étais chargé d’acheminer les autos. Nous avons sélectionné les voitures ensemble. C’était un dialogue aller-retour. Puis il a fallu mettre les voitures dans des containers pour les acheminer par bateau. Je vous avoue que le deal était loin du fifty-fifty.
V12-GT : La tragique actualité du transport maritime nous démontre que ce moyen de transport n’est pourtant pas infaillible. Pourquoi avoir accepté ?
P.M. : Mettre ces voitures en containers pour parcourir, six semaines durant, ces milliers de kilomètres d’océan ne me réjouissait pas. Pas du tout, d’ailleurs ! C’était un gros effort pour moi. L’une des dix voitures exposées ici a d’ailleurs fait le voyage avec moi en avion ! Mais, en fait, je suis un big fan de Rétromobile. C’était une occasion unique de faire revenir ces voitures sur leurs terres. Elles n’étaient jamais rentré en France depuis des lustres. C’est un moyen de montrer du respect à l’automobile française, à ces voitures en particulier, ainsi qu’aux gens qui les ont faites. Ceci dit, je ne suis pas sûr de me relancer dans une telle épopée l’an prochain…
V12-GT : Votre collection compte une majorité de voitures françaises. Pourquoi ?
P.M. : Il y a 35 ans de cela, mon regard a croisé une Delahaye 135 MS. Il s’agissait d’une Chapron. C’était la plus belle chose qu’il m’ait été donné de voir. A l’époque je n’y connaissais rien. J’ai commencé à m’y intéresser, à me renseigner, à faire des recherches. Et puis, je suis devenu accroc. Aujourd’hui je possède un grand nombre de françaises construites entre 1930 et 1939. Je considère cette période comme le point culminant de l’automobile, particulièrement en France.
V12-GT : Si nous vous demandons demandions de mettre en lumière l’un ou l’autre modèle, lequel aurait votre faveur?
P.M. : La Dubonnet est une voiture fabuleuse. Elle a un look inédit. Elle parait ancienne mais pourrait être exposée sur un salon de concept cars. Certes elle est un peu lourde, mais la suspension marche bien, elle se comporte bien. Puis il y a la Delahaye 145 V12 qui a gagné le Grand Prix du Million. Une somme offerte au constructeur français qui tiendrait la dragée haute à la concurrence Allemande et Italienne. Cette voiture a battu les Silver Arrows au Grand Prix de Pau et je l’ai conduite moi-même au Grand Prix de Pau Historique.
Malheureusement, le temps de M. Mullin était compté et le nôtre écoulé depuis bien longtemps. Nous louons cet Américain de goût qui mesure et qui respecte le patrimoine et le savoir faire de l’automobile française. Malheureusement bien des gens ont oublié ces histoires et il est triste de constater qu’aujourd’hui, en France, l’automobile n’est plus un vecteur d’image, de passion que pour une poignée d’intégristes comme nous.
Et ce ne sont pas les plans marketing au mazout hideux et sans âme dont nous gratifient les constructeurs bleu-blanc-rouge qui nous contrediront !
Julien Libioul
V12 GT
L'émotion Automobile
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