Ford GT40 Prototype Roadster

Trésor perdu

Une bête de course, un prototype construit à cinq exemplaires seulement. Disparu pendant quarante ans, il a retrouvé la lumière. Après être remonté sur les vibreurs, il pourrait vous passer entre les mains...

Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, profil drt ouvert Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, habitacle Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, moteur Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, prises d'air Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, face ar Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, détail volant Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, détail grille de vitesses Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, détail écopes + numero Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, détail echappement Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, détail carbus+aérations capot ar Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, détail bouchon réservoir Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, demi-face Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, 3-4 avd Ford GT40 roadster prototype, vert, 1965, 3-4 arg
12 images sur 14 - Cliquez sur une image pour afficher le zoom.

Au début des sixties, Henry Ford II, petit-fils de son grand-père, prend la tête de la société éponyme. Il lui vient la lubie de faire briller l’ovale bleu sur la ligne d’arrivée de courses prestigieuses comme les 24h du Mans.

A cette époque, l’entreprise d’un certain Enzo Ferrari est en proie à quelques difficultés financières et ce dernier serait enclin à vendre le Cavalino Rampante. Henry Ford II fait évaluer la viabilité de l’opération. Au dernier moment, Enzo Ferrari, voulant conserver la main sur le service Competizione de la marque, refuse l’une des clauses du contrat et annule la transaction.

Courroucé, Henry Ford II se décide à tout mettre en œuvre pour marcher sur les plates bandes de Ferrari. Le designer Eric Broadley, propriétaire de la marque Lola est débauché pour créer celle qui deviendra la GT40.

Après quelques tentatives infructueuses en 1964, le programme GT40 est confié à l’expérimenté Caroll Shelby. En 1965, Shelby fait briller les GT40 aux 2000 km de Daytona et aux 12 H de Sebring. Quatre GT40 prennent part aux essais du Mans, en avril 65. Celle que vous avez sous les yeux en fait partie. Cet exemplaire, l’un des 5 roadsters, la onzième des douze GT40 de pré-production n’a encore jamais couru et dispose de la toute nouvelle boîte de vitesse ZF à 5 rapports.

Malheureusement, les cinq premières positions aux essais tombent aux mains de Ferrari, menée de main de maître par Surtees. Deux GT40 sont 6èmes et 7èmes. La prise au vent du roadster GT40 est trop pénalisante pour briguer un résultat sur un tracé aussi rapide que celui de la Sarthe. La GT40 Roadster y laisse cinq secondes au tour ! Shelby envoie deux GT40 fermées au 1000 km de Monza et John Wyer inscrit John Whitmore et Bob Bondurant sur le roadster qui nous occupe à la Targa Florio, convaincu que l’équipage souffrirait moins de la suffocante chaleur du marathon sicilien.

En1965, la Targa Florio réserve aux concurrents 10 tours des 44 miles du Circuit de la Petite Madone ceinturant le gros caillou de marbre. Pour l’occasion, notre roadster a délaissé sa teinte blanche au profit d’un Linden Green et arbore le numéro 194. Voiture et pilotes semblent dans le coup et font face aux enfilades de virages étroits. Malgré qu’elle tourne sur 7 cylindres seulement, la GT40 est 3ème, jusqu’au cinquième tour. En pleine attaque, un écrou de roue se desserre et Whitmore se retrouve sur trois pates. Le pilote bondit hors de l’habitacle, récupère sa roue et cherche l’écrou de roue. Il le retrouve dans les mains d’un policier chapardeur qui l’aurait bien vu ce trophée sur sa cheminée.

Bondurant prend le volant et progresse avec constance, jusqu’au dernier tour où il perd le contrôle de la GT40 sur de la gravette éparpillée par un autre concurrent. Bondurant percute un mur et arrache la roue qui avait causé tant de souci à Whitmore. Les dégâts sont minimes, mais suffisant pour contraindre l’équipage à l’abandon.

A cette époque, la production de la GT40 était sur le point de débuter et l’idée de produire le roadster avait été abandonnée. Dans ces circonstances, revenu en Angleterre avec les cicatrices de la Targa Florio, notre Roadster atterrit dans le fond des atelier FAV et sert peu à peu de banque de pièces. Un jour, un fidèle partisan de la marque découvre qu’on a fait place nette, que la GT40 Roadster a été emportée par un ferrailleur.

Quarante ans plus tard, en 2006, lors du Goodwood Revival, un passant approche des mécanos affairés du Gelscoe Motorsport Limited, l’expert de la GT40. Alors que les mécanos sont en pleine besogne, le type leur dit : « J’ai une GT40. Elle a besoin d’une restauration. Ca fait des années que je l’ai. Elle est à vendre. Si ça vous intéresse… »

Quelques jours plus tard, Gelscoe découvrait une GT40 sans toit, posée sur un matelas dans un garage à l’est de Londres. Quelques détails de construction, la plaquette d’identification, marquée GT/111, prouvaient à qu’il s’agissait de l’avant-dernier prototype et qui plus est de l’un des rares roadsters. La voiture retrouvait rapidement sa configuration initiale, y compris son intérieur en toile de parachute bleu et son Linden Green.

Après avoir montré ses faiblesses au Mans, après avoir brillé puis joué de malchance à la Targa Florio, après avoir été emportée par un ferrailleur, le sommeil long de près de 40 ans de cette GT40 Roadster s’est terminé en rêve. Depuis 2007, le bolide a repris la piste à Spa, au Mans, à Goodwood, etc... Elle permet à son pilote de se prendre pour Bondurant ou Whitmore, de profiter de toute la musicalité des 444 chevaux de son V8, de s’imaginer dans la chaleur sèche et marbrée des fatigants et gratifiants virolos siciliens. Vous voudriez faire partie de ce rêve ? Sortez votre chéquier et entrainez-vous à dessiner des 0. RM Auctions met en vente ce trésor perdu lors de la vente du Concours d’Elegance Villa d’Este….

Julien Libioul

V12 GT

L'émotion Automobile

A voir également



Vos commentaires

Soyez le premier à commenter cet article !
Veuillez cliquer sur le bouton [Ajouter un commentaire] ci-dessous.