Avant de vous parler des sensations de conduite offertes par ce très bel engin, donnons-nous bonne conscience en remarquant que les émissions de CO2 ont baissé de 15% par rapport à l’ancienne Continental Speed. Pas de quoi pavoiser, la consommation moyenne normalisée étant encore de 14,5l/100km. C’est principalement l’adoption de la fameuse transmission ZF 8 rapports en lieu et place de la vieille boîte 6 vitesses qui a permis d’améliorer un peu le bilan «éco» du modèle. Notez d’ailleurs que la Continental W12 «de base» (!) en bénéficie désormais aussi.
L’arrivée de cette nouveauté technique importante (qui avait déjà fait son apparition sur la version V8 en début d’année) est a priori une excellente nouvelle. Pourtant, je n’ai pas trouvé qu’elle était parfaitement calibrée sur la GT Speed. Etant entendu que l’utilisation manuelle, avec 8 rapports, devient très vite fatigante, il ne reste que deux solutions : «D» ou «S». En mode «Drive», elle rétrograde un peu lentement lorsqu’on roule doucement et qu’on sollicite soudainement la puissance. En «S» par contre, elle réagit très promptement mais donne pas mal d’à-coups. J’aimerais donc disposer d’une position intermédiaire, assez rapide mais pas trop nerveuse et ne sélectionnant pas systématiquement un rapport très bas. Ah, ces journalistes, vraiment difficiles ! Mais à ce prix-là…
Cela dit, c’est grâce à ce mode «S» que la Speed m’a plu. En le sélectionnant, la Continental se fait en effet plus méchante, avec un bruit d’échappement bien plus présent. Un brin caricatural mais franchement excitant !
La meilleure nouvelle vient des modifications apportées au châssis (ressorts, barres antiroulis et silentblocs durcis d’une cinquantaine de pourcents en moyenne). Oh, avec ses 2,3 tonnes et son comportement résolument sous-vireur, la Continental, toute Speed soit-elle, n’est toujours pas prête à s’attaquer à la boucle nord du Nürburgring mais au moins distille-t-elle désormais quelques sensations à travers sa direction.
Pour la première fois au volant d’une Bentley, j’ai senti où je mettais les roues avant et le moment où elles perdaient leur adhérence. En contrepartie, sur routes bosselées, vous aurez parfois envie d’assouplir davantage la suspension que ce que l’ordinateur de bord vous autorise à faire. Mais le confort reste quand même royal, ne vous méprenez pas !
Reste un défaut surprenant : le fait que la voiture continue à accélérer pendant une fraction de seconde lorsque vous relevez le pied de la pédale de droite après une forte accélération. Un problème qui affectait les deux exemplaires que j’ai pu essayer et que Bentley doit absolument résoudre au plus vite. De même, un petit travail sur l’insonorisation aérodynamique à haute vitesse ne serait pas du luxe non plus. Exigeant ? A peine !
Stéphane Lémeret
V12 GT
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