Au démarrage, le grondement du W12 biturbo est terrifiant. Ce n'est pas sans une certain appréhension que l'on décide de libérer les 621 ch du monstre. Surprise, pourtant, les premiers tours de roues se font dans la plus grande quiétude. La Supersports se montre docile comme un agneau si l'on sait caresser doucement sa pédale d'accélérateur. Les seules difficultés de sa conduite en ville résident dans ses dimensions conséquentes, et dans la sécheresse de l'amortissement.
Direction l'autoroute : d'un coup la Continental Supersports change de visage : l'accélération est phénoménale, en une poignée de secondes j'atteins une vitesse inavouable, le dos plaqué dans le baquet, dans un déluge de décibels. Mieux, l'exercice peut être répété à toutes les allures : les ressources du moteur au couple colossal semblent inépuisables. Tenter d'en trouver les limites semble totalement déraisonnable.
Sur la piste, la Supersports n'est pas tout à fait dans son élément. Certes ses quatre roues motrices et sa nouvelle répartition du couple (de 50/50 à 40/60) lui permettent de passer vite en courbe. Certes les freins n'ont montré aucun signe de faiblesse à l'épingle abordée à 200 km/h... Mais le poids, 2 240 kg., se rappelle à nous dans les virages les plus techniques : sous son emprise, les pneus partent en fumée avant que l'ESP n'intervienne pour couper brutalement la poussée.
Alors on s'interroge un peu sur la raison d'être de cette Bentley qui joue à la Ferrari : trop soft pour le « supersport », un peu hard pour un usage grand-tourisme. C’est pourtant une fabuleuse machine à plaisir et à rêves, en plus d'une série ultra-limitée. Bref, un magnifique objet automobile !
Yan Alexandre
V12 GT
L'émotion automobile