Ce chapitre reprend néanmoins des éléments chers à la marque. A la différence des 4/4, Plus 4 et Roadster, l’Aero 8 ne s’offre qu’une partie haute en bois de frêne pour son châssis en panneaux d’alliage collés et rivetés. Mais, comme ses sœurs, elle s’habille de tôles d’aluminium. Ces choix techniques lui assurent un poids plume fort enviable : 1145 kilos sur la bascule. Ces choix ne sont pas négligeables ! Car, un V8 de 4,8 litres d’origine BMW délivrant 368 chevaux se cache sous le long capot s’ouvrant en ailes de mouette. En faisant nos comptes d’apothicaire, on arrive à un rapport poids - puissance de 3,1 kg / ch. Pas mal ! On comprend dès lors mieux pourquoi cette Morgan ose venir se mesurer - avec succès – aux Ferrari, Corvette, Porsche et autres Aston Martin sur les circuits du championnat FIA GT3.
Après quelques kilomètres, en tant que passager, l’appellation de l’engin devient une évidence ; l’aérodynamisme de cette machine ayant été au centre des toutes les préoccupations du constructeur. Cela se ressent dans l’habitacle. Etroit, il accueille deux passagers jouant quelque peu des coudes, mais fleure bon la grande époque de l’automobile passion. Dans cet environnement rétro, la modernité se limite aux vitres électriques, aux commodos de la climatisation et à la présence d’un double airbag. Pour le reste, on redécouvre avec plaisir le savoir-faire de Morgan. Une sellerie en cuir pleine fleur « cousue main » et un tableau de bord en aluminium bouchonné avec ses manomètres cerclés de chrome font honneur à l’artisanat britannique et garantissent une ambiance chaleureuse à souhait. Le pare-brise avec ses trois balais d’essuie-glace enfonce le clou question nostalgie. Dès lors, au bout de vingt minutes, on n’a plus qu’une envie : déloger le pilote, prendre sa place et filer à l’anglaise !
En contournant l’Aero 8, enfin immobilisée, on s’aperçoit que cette évolution a eu droit à une carrosserie redessinée et a quelque peu perdu le strabisme excentrique de sa face avant. En théorie, cette troisième mouture limite un peu plus sa prise au vent. Il ne reste qu’à passer derrière le volant pour s’en rendre compte. L’exercice est amusant. Car, il faut d’abord ouvrir la frêle portière, enjamber le large marche-pied et se laisser tomber sur un siège maintenant relativement bien. Assis au ras du sol, on tourne la clé de contact et on appuie sur le bouton « Start ». Sous l'immense capot, le gros V8 s'éveille... en grondant.