Notre exemplaire est une authentique Bolide, livré à Chicago en 1954, et non pas une Deluxe (la version "civile" à pare-brise et capotage) transformée, ce qui la rend éligible en compétition historique, pour les Mille Miglia en particulier. Elle a d’ailleurs participé à de nombreuses courses sur la côte Est des Etats-Unis depuis les années cinquante, et continue d'arpenter les paddocks de nos jours. Elle en porte les stigmates : la tôle de la carrosserie n’est pas exempte de bosses, les baquets en cuir noir sont patinés, la mécanique est recouverte d’une bonne couche d’huile. Cela lui donne un charme particulier, à l’image d’un joueur de rugby qui rentrerait d’un match le polo maculé de boue et les genoux écorchés.
Seule fausse note, sa garde au sol trop importante et ses jantes étroites lui donnent une allure d’insecte et procurent l'impression que le châssis et la carrosserie n'ont pas été crées de concert et laissent présager le pire quand à ses aptitudes routières… nous verrons qu'il n'en est rien.
Bref, on est assez loin de la bête de concours d’élégance de type Pebble Beach. J’ouvre le portillon en tirant sur un câble et je m’installe. On est plutôt bien assis, la position de conduite est naturelle, le cockpit est spacieux. Le tableau de bord est complet, ses instruments "Smith" nous rappellant l'origine britannique du châssis. Le saut-vent en plexi n’apparait toutefois pas bien haut, ma tête dépassant largement…