Si, à bord de cette Jaguar, quelques minutes me suffisent pour me sentir bien, il ne me faut pas plus de quelques secondes pour avoir l’envie d’enfiler les kilomètres. Presser le bouton Start – Stop augmente un rien l’excitation. Sans plus. Car, le V8 de 5 litres de cylindrée suralimenté par un compresseur volumétrique Roots n’est pas du genre à émettre une mélodie caverneuse au démarrage. Son ronronnement annonce néanmoins la horde de chevaux (510 pour être précis !) dissimulée sous le capot. En mode Drive, la cavalerie se veut civilisée. Les accélérations sont de bon aloi et laissent le sentiment d’évoluer au volant d’une grande routière. Par contre, en enclenchant le mode Sport, je titille cette belle anglaise. Là, au-dessus de 4000 tours, je sens mon dossier s’enfoncer inexorablement dans mon dos et vois le paysage défiler à belle allure. Et, en tendant l’oreille, j’apprécie les borborygmes du tout nouveau bloc en alu passé à l’injection directe d’essence. De ce moteur, je retiens quelques valeurs chiffrées : 0 à 100 km/h expédié en 4,9 secondes et 250 km/h en vitesse de pointe. Pas mal ! Mais, c’est surtout sa consommation moyenne relevée qui me laisse pantois : 15 l/100 km seulement!. Qui dit mieux ?
Bien sûr, quand une Jaguar se griffe d’un « R », je suis en droit d’attendre des prestations de sportive pure et dure. Avec cette XF, je suis tout sauf déçu. Son châssis a fait l’objet de toutes les attentions. Et, en l’associant avec des pneus de belles dimensions, Jaguar l’autorise à digérer les hauts régimes là où la raison devrait prendre le dessus sur la passion. Cet exercice se révèle être un jeu d’enfant ; la XF R évoluant sur des rails et profitant des bienfaits d’une boîte qui se veut douce et réactive, et qui change surtout les rapports à bon escient. Résultat : j’en oublie même les palettes au volant ! En sélectionnant le mode Dynamique, m’assurant une réponse encore plus franche à l’accélérateur et des passages de rapports plus rapides, je deviens le seul maître à bord ; à condition d’avoir coupé le contrôle de stabilité DSC. Si cette situation de conduite autorise les figures libres, elle requiert cependant un minimum de maîtrise. A bon entendeur…
Au loin, je vois la mer. Ma destination est proche. Les petites routes sinueuses me confirment que la direction est précise et communicative et que les suspensions sont agréablement fermes. A quelques kilomètres de Deauville, je réalise que j’ai hâte d’en finir avec cette séance photos. Car, je rêve déjà à la route du retour…
Laurent Norro
V12 GT
L'émotion automobile
Photographe : Ghislain Balemboy