En approchant cette S1 par le 3/4 arrière, on est tout de suite frappé par la suprême élégance de sa ligne, certes plus classique que celle de la Continental, mais finalement d'une grande finesse. Les ailerons embryonnaires allongent les ailes, l'arrondi de la lunette arrière suit la ligne du coffre, les chromes sont généreusement distribués mais sans ostentation. Le profil est affiné par la faible hauteur des vitrages et le capot majestueux étire l'avant, finissant sur la calandre maison, impressionnante mais sans excès, encadrée par les superbes phares Lucas. Bref, une grande réussite et ce, sous tous les angles. Le dessin serait attribué au talentueux John Polwhele Blatchley, styliste maison, auteur des Cloud et S.
Son état est tel que l'on a du mal à déterminer si l'on est en présence d'une auto dans son état d'origine parfait ou une restauration complète, mais qui aurait déjà quelques années de patine. La vérité est entre les deux : on découvre un dossier d'entretien complet, comprenant une énorme liasse de factures à l'effigie de l'usine et une correspondance fournie, entre Bruxelles et Crewe. En effet, le précédent propriétaire, qui roulait régulièrement, avait pour habitude de faire convoyer par son chauffeur sa S1 à l'usine chaque année pour une révision complète !
Cet "entretien" documenté était assez poussé, puisque, au début des années 80, l'usine a même procédé à de nombreux aménagements, dont une refonte complète de l'habitacle. À cette occasion, la sellerie a été entièrement refaite en Conolly Autolux vert, des appuie-tête et des ceintures de sécurité assortis ont été ajoutés, et le bas du tableau de bord (le mot prend ici tout son sens) a été remodelé afin d'accueillir un dispositif de climatisation intégré.
Le travail est magnifique et est, certainement mieux intégré que lorsqu'il était monté en équipement d'origine, sur les Cloud III ! Je contemple avec gourmandise le somptueux étalage de compteurs au graphisme raffiné et les chromes brillants des divers interrupteurs.