La restauration des véhicules anciens est une opération délicate qui demande beaucoup d’études préalables sur les techniques contemporaines du modèle ainsi que sur l’historique de l’exemplaire concerné, puis un doigté particulier dans la réalisation afin d’éviter tout excès. Pourriez-vous évoquer les principes généraux appliqués à la restauration de vos voitures ? Avez-vous parfois des hésitations face à certaines questions particulièrement épineuses ? Quelle est la restauration qui vous a donné la plus grande satisfaction ? Quelle fut la plus difficile ? La plus subtile ?
La chose la plus importante dans le domaine de la restauration est de faire appel à ceux qui sont vraiment compétents, les experts. Il y a des experts différents pour Ferrari et Mercedes, pour les Mercedes « Papillon » et pour les Bugatti. Il faut rechercher l’authenticité. Toutes mes voitures ont été restaurées, parce que j’ai toujours voulu éviter de tomber en panne sur la route. La restauration, pour moi, est surtout une question de qualité et de respect des détails d’origine.
Je n’étais pas « restaurateur » jusqu’à ce que j’aie la chance de rencontrer Paul Russel, un historien de l’automobile et restaurateur de Boston, qui a ensuite travaillé avec moi pendant une vingtaine d’années.
La restauration est un travail délicat. À mes yeux, il ne peut y avoir aucune tricherie dans l’opération. Nous avons, par exemple, restauré une Alfa Romeo 2,9 avec toutes les précautions possibles et dans ses moindres détails.
La couleur d’origine, un rouge brillant, a été retrouvée sous cinq couches de peinture. Quand la voiture a été exposée, certains ont trouvé la couleur si rutilante que, selon eux, elle ne pouvait être la bonne. Personnellement, j’aurais préféré un rouge plus sombre qui l’aurait vieillie, mais j’ai respecté la décision du restaurateur et son choix de l’authenticité correspondant à l’histoire de cette automobile.
Aimeriez-vous créer une voiture ?
Dessiner une automobile et dessiner une collection de mode requièrent un certain métier et une vision, ce sont deux choses totalement différentes. Je sais ce que j’aime dans une voiture, mais je ne me considérerai jamais comme un designer automobile. Choisir la couleur d’une voiture n’est pas la dessiner. J’ai un immense respect pour ceux qui le font. Ils mènent leur carrière comme je mène la mienne.
Quand j’étais jeune, je pouvais regarder une Bentley ou une Mercedes et dire : « Oh, cette voiture est si belle ! Regarde les cuirs intérieurs, le tableau de bord en ronce. » Puis passait une Porsche tout à fait austère et minimaliste. Si vous m’aviez demandé laquelle était la plus belle, j’aurais eu des arguments en faveur de chacune.
Je ne pense pas que j’aurais jamais pu concevoir la Porsche ou la Bentley. Mais j’aurais pu imaginer comment faire d’elles la plus belle Porsche ou la plus belle Bentley.
Extraits issus du catalogue « l’Art de l’Automobile, chefs-d’oeuvre de la collection Ralph Lauren », éditions Les Arts Décoratifs, Paris 2011.
Jusqu'au 28 août, au Musée des Arts Décoratifs, 107 rue de Rivoli à Paris, dans le cadre d'une exposition baptisée "L'Art de l'automobile. Chefs-d’œuvre de la collection Ralph Lauren".
Charles Paxson
V12 GT
L’émotion automobile