Mon premier contact avec la SLS GT3 fut assez douloureux. C’était lors du test-day des 24H de Spa, trois semaines avant l’épreuve.
Le team découvrait Spa-Francorchamps et n’avait pas intégré le fait que la compression de l’Eau Rouge, dans le bas du Raidillon, exigeait que l’on roule avec une voiture légèrement surélevée par rapport à la normale.
Mon équipier Thomas Jäger, pilote de développement pour Mercedes, avait certes validé un set-up avant de me confier le volant mais comme il passait beaucoup moins vite que moi dans ce fameux virage, il ne s’était pas rendu compte que la voiture risquait d’y «talonner» dangereusement.
C’est ce qui est arrivé lors de mon 8e passage, qui s’est terminé en marche arrière dans les pneus en haut du Raidillon. Châssis détruit et gros coup au moral. Le problème, c’est que cette SLS donne immédiatement confiance au pilote. La preuve, c’est que juste avant ma sortie, j’avais déjà signé un chrono identique à celui de mon expérimenté équipier. Elle est d’une stabilité incroyable au freinage, où son ABS ne crée pas trop de réactions parasites, ce qui permet de bien utiliser le frein moteur, contrairement à ce qu’il se passe sur une Audi R8 GT3. La direction est précise et directe et donne un excellent ressenti de ce qu’il se passe sous les roues avant. Le sous-virage n’est pas trop prononcé et le train arrière suit docilement.
Le pilotage de cette SLS de course n’est donc ni stressant ni fatigant, d’autant plus qu’on entend assez peu le moteur dans l’habitacle. Difficile, d’ailleurs, de monter les vitesses «à l’oreille» : pour le faire au bon moment, mieux vaut se fier aux petites diodes rouges qui s’allument sur le tableau de bord. Finalement, le plus dur physiquement est d’appliquer suffisamment de pression sur la pédale de freins. Sur 24 heures, c’est vraiment une épreuve ! D’ailleurs, les freins sont le point faible de la voiture sur les courses de longue haleine, car les plaquettes s’usent beaucoup trop vite : nous avons dû les changer trois fois durant la course. Pas étonnant : la nuit, derrière le volant, je voyais sortir des étincelles des roues avant au freinage de la chicane ! Joli mais pas spécialement bon signe pour l’endurance du système !
Si Mercedes parvient à résoudre ce problème pour l’an prochain et y met les moyens, la SLS se battra pour la victoire, c’est certain. D’autant plus qu’elle est d’une robustesse incroyable. C’est d’ailleurs ce qui la rend plus amusante à piloter que la plupart des autres GT3 : avec elle, on peut rouler à fond tout le temps, comme à la belle époque des GT1. Pour une première année d’existence, cette fiabilité est tout bonnement incroyable. La SLS GT3 n’est pas une Mercedes pour rien !
Stéphane Lémeret
Photos t’Serstevens & LPR
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