Je démarre le moteur dans un grondement très évocateur, puis j'enclenche la première.
Nous sortons des ateliers Eagle et entamons une balade sur les jolies routes des alentours.
Le bruit du moteur est fabuleux, il hurle au dessus des 4 000 tours, on se croirait au Mans Classic, en bout de ligne droite des Hunaudières !
Après quelques kilomètres, me voilà maintenant familiarisé avec la commande de boîte, ferme, mais directe. Je décider alors de hausser le rythme. Les passages de vitesses ne sont pas très rapides mais dans les virages la Speedster est communicante. Si la direction n'est pas assistée, le bloc et la caisse la rendent précise et légère. On pourrait presque comparer son toucher à celui d'une 911 récente, ce qui me surprend agréablement ! Elle survire à la demande, ses dérives sont progressives, ce qui permet de les contrôler assez facilement du pied gauche.
Justement, une 997 Turbo nous a rattrapé dans les premiers kilomètres et nous suit depuis tout à l'heure, sûrement curieuse de voir une Type E tenir un tel rythme dans la durée.
Une longue ligne droite me permet d'écraser l'accélérateur, ce qui a pour effet de rendre de plus en plus petite la Turbo que je vois dans mon rétroviseur intérieur. Content de cet "exploit", j'en ai presque oublié le virage qui arrive alors un peu trop vite. Je monte sur les freins et la Speedster perd son allure folle tout en gardant une trajectoire fixe. Sans la moindre assistance, je ne m'attendais pas à ce que le freinage soit aussi puissant, remercions les disques percés et les étriers AP Racing...
Un autre virage, plutôt serré, dissimule la sortie d’un pub, d’où émerge le nez imposant (du moins, à cette hauteur…) d’une Land Rover Serie1. Son conducteur, un octogénaire bon vivant, ne se rend pas du tout compte qu’il empiète copieusement sur le côté gauche de la chaussée ! A cette vitesse, impossible de freiner brutalement sans risquer un violent tête à queue, le tout sans ceinture de sécurité, arceau, ou autre protection.
Mon passager se contente d’un très laconique et très britannique « Oh dear ! »., alors que mon rythme cardiaque s'emballe. Je rétrograde à la volée et je me prépare au pire, tout en visant la bas-côté de la route et en klaxonnant bruyamment. Au dernier moment, le Land se rabat vers la droite et le Speedster passe dans un grondement furieux.
Après cette petite montée d'adrénaline il est maintenant temps de rentrer aux ateliers, de gros nuages noirs apparaissant à l’horizon. Nous calmons l'allure pour apprécier le son du 6 cylindres, hors normes, probablement aussi bien au sens propre qu'au figuré, tout comme cette auto d'ailleurs !
Charles Paxson
V12 GT
L'émotion automobile