Le soleil du Luxembourg tape fort sur le noir de notre 512 BBi. Sa teinte et le bain de lumière que son charmant propriétaire, Florent Moulin, a accepté de lui offrir, lui permettent d’exploser au grand jour.
Pour en percevoir toute la subtilité, tout le brio, il faut se souvenir que ces lignes ont été tracées au début des années 70. Un profil, un style qui, convenons-en, tranche fortement avec celui de la Daytona.
Il faut bien se figurer que quand ses lignes apparaissent, le design cunéiforme des années 80 n’est pas encore installé dans l’inconscient collectif. Les voitures sont encore rondes et voluptueuses. La 365 GT4 BB et la 512 BB installeront un pan du design automobile, futuriste, acéré, fait de lignes droites et d’angles obtus. Moderne, très moderne.
Alors certes, tout n’est pas du meilleur goût. Les monstrueux phares pop-up, notamment. Mais plongez vous dans les lignes de forces de cette 512, faites abstraction des extravagances de l’époque et appréciez la délicate pureté de ce dessin.
Sous cette ligne épatante de discrétion, évoquant très naturellement le sport automobile, se cache donc l’usurpateur 12 cylindres Boxer. Car en réalité, ce Boxer n’en est pas un ! Ses pistons ne se déplaçant jamais dans des directions opposées, il ne s’agit donc que d’un « simple » Flat Twelve. Excusez du peu !
Un peu dont on se satisfait aisément. Le bloc en silumine développe une cylindrée de 4943 cm³ et est alimenté par 24 soupapes et deux arbres à cames en tête. L’injection Bosh lui accorde 340 chevaux, soit 20 de moins qu’une 512 BB à carburateurs. Une puissance rondelette disponible dans les tours, à 6000. La 512 bénéficie d’un carter sec maintenant la pression d’huile constante et évitant que la lubrification moteur ne chute lors de forts appuis. La boîte de vitesse à 5 rapports est implantée sous flat 12 et explique la relative hauteur de celui-ci dans le compartiment moteur.
Le châssis composé de tubes carrés est habillé par une multitude de matériaux différents. Les pare-chocs sont en polyester, les capots avant et arrière en aluminium, alors que l’habitacle est composé d’acier. Et malgré tous ces efforts, la jolie berlinette accuse tout de même 1580 kg sur la balance.
Bien entendu, la 512 BBi dispose de quatre roues indépendantes avec amortisseurs télescopiques, ressorts hélicoïdaux et doubles triangles.
La 512 bénéficie en outre d’une monte pneumatique spécifique faisant appel aux bien connus pneus Michelin TRX.