Une fois la vitesse de croisière atteinte, les flammes disparaissent et le bruit s’atténue (enfin, tout est relatif…), mais l’avion louvoie et le pilote doit procéder à d’incessantes corrections de trajectoires. L’homme qui tient le manche, c’est Francesco Agullo, d’origine espagnole. Dans la vie de tous les jours, il est commandant de bord sur des Boeing 757 et 767, pour la compagnie Privatair. Mais il a une longue expérience des avions à hélice.
« J’ai piloté quotidiennement des Constellation dans les Caraïbes jusqu’en 1993, où cet appareil était encore utilisé pour les vols cargos. Prendre les commandes de cet engin constitue toujours un grand moment ! Son pilotage est totalement différent de celui des appareils modernes, bardés d’assistances électroniques. Ici, les commandes sont uniquement composées de câbles et de systèmes hydrauliques. Il y a beaucoup d’inertie, c’est un pilotage plus physique car il faut apporter de nombreuses corrections. Mais c’est cela qui est grisant ! C’est la même différence que celle qui existe entre la conduite d’une voiture moderne et d’un ancêtre. Le pilotage est moins aseptisé, plus pur ».
Mais il est déjà temps de revenir sur terre. Avec douceur, le Super Constellation pose ses roues sur le macadam et ses moteurs s’assoupissent. Les passagers remercient le pilote pour ces 40 minutes de bonheur. Un instant fugitif, mais mémorable. Et coûteux : pour une heure de vol, il faut compter cent heures de maintenance et un coût de plus de 10.000 euros ! Maintenir en vie et en l’air une telle légende a forcément un prix…